RÉDACTION – Langues et parole

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Notre jeunesse est systématiquement confrontée à des problèmes de langue et de communication, dans leurs études, avec leur famille, dans la rue, sur le net ou encore à la télévision.

Avec des décideurs, des journalistes, des professeurs, des faiseurs d’opinions qui ne savent pas exprimer une idée claire dans une langue structurée, comment allons-nous créer, résoudre les problèmes, diffuser une information, enseigner ou encore diriger un pays ?

En se basant sur une vidéo intitulée “Langues et parole”, nos jeunes du programme NAJTAZ ont été invités à rédiger un texte de 200 mots sur le sujet en respectant les instructions suivantes :

  • retrouver des informations sur les différents extraits;
  • identifier le problème soulevé;
  • illustrer ce problème par un autre exemple du quotidien;
  • donner votre avis sur ce problème et ses impacts.

Voici quelques textes envoyés :

Hamza Bouhcine, 19 ans – Aourir :

“On peut déduire des vidéos le problème de la langue du peuple marocain. Ce problème apparaît chaque fois que nous regardons les médias et les réseaux sociaux.

Nous savons tous que les marocains parlent un dialecte hybride composé de vocabulaire amazigh, arabe, français et espagnol. Ici, nous comprenons que les marocains n’ont pas de langue indépendante.

Est-ce un langage qui suit le rythme du développement mondial en cours ?

Face à ce multilinguisme, nous constatons qu’aucune langue n’est correctement utilisée par la majorité des Marocains. Mais il est vraiment difficile de croire que nous sommes un peuple sans langue !

Certains disent que la langue marocaine est l’amazigh, certains disent que c’est l’arabe classique, et d’autres disent que c’est le français.

En tant que jeune marocain, j’ai des expériences linguistiques différentes car j’utilise plus d’une langue selon le contexte du discours, je suis amazigh je parle ma langue maternelle à la maison et j’étudie la littérature arabe donc j’utilise la langue arabe standard presque en continu pour communiquer dans la vie universitaire et je travaille aussi dur pour apprendre la langue française parce qu’elle est très importante car c’est la langue des différents systèmes au Maroc, j’apprends aussi une partie de la langue anglaise pour suivre le rythme de mondialisation.”

 

Hind Belamria, 22 ans – Youssoufia

“Cette vidéo montre un enregistrement de la session des réunions que les parlementaires tiennent chaque semaine pour discuter des problèmes de la société et écouter les suggestions pour trouver des solutions à ces problèmes. Mais quand j’ai écouté le dialogue utilisé dans cette session, j’ai constaté qu’ils utilisent un langage non organisé et qui n’est pas clair. L’exemple du parlementaire qui en prenant la parole n’a rien dit et ses idées n’étaient pas complètement arrangées. Cela vous faisant perdre l’envie de l’écouter et n’attire pas votre attention. Il a parlé juste pour parler. 

Récemment, à la lumière de cette crise, nous avons remarqué l’autre côté de Salah Eddin El Ghomari, le présentateur de nouvelles sur un programme avec une langue familière (Darija) qui l’a rendu populaire auprès de tout le monde parce qu’il a atteint un grand public. Mais avec un contenu élevé et resté le même. Ou l’artiste, Hassan El Fad, qui présente chaque année des séries comédiens dans lesquels il aborde chaque fois une catégorie de la société pour ne ranger pas du côté d’un certain groupe. 

Je pense que la langue est un moyen de communication uniquement, mais c’est la méthode de parler et l’intention qui renforce la position de chaque personne.”

 

Ilham Idhammou, 27 ans – Agadir

“Dans la vidéo visionnée, il s’agit de différents extraits illustrant la crise de parole dont on souffre au Maroc, que ce soit au niveau du dialogue entre responsables politiques, au niveau des émissions télévisées dédiées aux citoyens à l’occasion de Ramadan, ou encore au niveau des informations et communications quotidiennes.

Il y a certainement une différence entre les extraits visionnés au niveau du contexte mais le problème est unique. L’un parmi les exemple qui me semble traiter la même problématique c’est lors des présentations faites en pleine publique en darija, quand l’interlocuteur emploi des mots français à la marocaine pour exprimer son idée : (ndeveloppew) à la place de (nous développons).

La crise dont souffre la parole dans les médias est bien voulue : des phrases incomplètes et insensées, un langage familier devient de plus en plus formel. Face au taux d’audience augmenté. Il est facile d’adopter un nouveau langage sans penser à son altération, on y adhérer, tant que ce qu’on entend et ce qu’on lit on l’approprie forcément, comme il est difficile de le désancrer et d’y renoncer Plus on l’adoptant plus son emploi devient évident sans même se rendre compte.”

Samad Arrjdal, 23 ans – DRARGA 

“Cette vidéo nous parle du problème de la langue et la communication chez les marocains. Un problème partagé entre citoyens, médias et même ministres et politiciens qui sont publiquement exposés à des difficultés là dessus.  C’est un problème qui provient de la diversité des langue et des dialectes dans notre pays. La majorité parle que Darija ou Amazigh, qui ne sont pas souvent utilisés dans les médias, et qui n’ont aucune valeur ou utilité scientifique ou professionnelle. Tandis que la langue française est la plus utilisée dan tous les domaines.

L’amazigh est ma langue maternelle, à laquelle j’ai été exposé depuis mon tout jeune âge. Quand j’ai commencé à communiquer avec mon environnement, j’ai réalisé que ça se faisait en Darija. À l’école, j’ai commencé à étudier l’Arabe classique, le Français et l’Anglais plus tard. C’est un processus très difficile qui s’est achevé par une pauvre maîtrises de chacune.

Je ne vais probablement pas exagérer quand je dirai qu’un des plus grands problèmes qu’on rencontre en tant que société est celui de la communication. Ce dernier a causé une crise de confiance entre l’État et le peuple, ce qui fait mal à notre image devant le reste du monde. Je trouve absurde le fait qu’on parle théoriquement plusieurs langues étrangères, parmi lesquelles aucune ne sert de référence linguistique de communication, dans tous les domaines. 

Cette confusion impacte directement notre manière de parler, qui est basée sur un mélange entre des termes de différentes origines, ce qui interrompt le flux d’expression.

Je pense que si on avait concentré l’effort sur une seule langue, utilisable n’importe où, chez-soi, à la rue, à l’école, aux médias et à l’administration, on aurait accompli de grandes choses.”

 

Mariam Oufkiri, 30 ans – Errachidia

“La vidéo comprend des extraits d’un conseil ministériel présentant les précautions prises dans la crise sanitaire, d’un programme télévisé populaire sur la vulgarisation des questions relatives au coronavirus et d’une série humoristique ramadanesque ou le comédien s’est inspiré du monde du web et des réseaux sociaux au Maroc. Eric Cobast, le directeur académique des HEIP dans une conférence sous le titre “L’œil à l’écoute» évoque la rhétorique et l’art de parler.

La vidéo soulève le problème de la langue d’expression au Maroc et la valeur de la parole dans la communication et la transmission. Dans les échanges de la vie quotidienne on se trouve devant un mélange de vocabulaire arabe classique, familier, berbère et même espagnol sans pouvoir transmettre le bon sens. L’usage des médias sociaux tels le langage des messages numériques courts illustre le dilemme linguistique qui entrave une expression lucide.

La langue est un outil qui devrait nous faciliter la communication, la réflexion et nous ouvrir des horizons de connaissances. Peu importe le domaine de travail, sans la maîtrise du langage il n’est pas possible d’avancer. Une production créative même n’a de valeur s’il n’est pas communiqué de manière adéquate reflétant un sens engageant autrui par son effet.”

Imane Assadi, 18ans – Youssoufia

“La première chose que la vidéo a abordée, c’est une discussion de ministres, mais elle est incompréhensible et sans sens, la deuxième, c’est un professeur qui explique aux étudiants l’importance de la parole, elle devrait avoir un sens. Salah Eddin Elghoumari communique avec la langue du peuple et simplifie la parole. Le dernier extrait, c’est la comédie qui délivre des messages. 

Le problème dans cette vidéo, c’est la parole, la simplifier pour que tout le peuple la comprenne et aussi qu’elle ait un sens et non pas des mots vides de sens, aussi la façon de transmettre les informations.

Dans ma vie quotidienne, il y a des ministres qui passe dans la télévision et qui ne simplifient pas la parole ou disent quelque chose sans aucune importance.

Personnellement, je vois que le problème de ne pas transférer aux gens des informations avec un bon sens empêche la communication entre émetteur et récepteur. La manière de transmettre les informations et très importante pour faciliter la communication. L’impact de ce problème est que les gens ne se comprennent plus. L’information n’a pas été reçue correctement parce qu’il y a beaucoup de personnes analphabète qui ne comprennent pas.”

 

Mohamed Oumouh, 25 ans – Massa :

“Cette vidéo représente notre problème avec la langue et la communication en général. Nous voyons des décideurs qui ne sont pas capables de transmettre une information correctement, un journaliste qui a changé son langage pour qu’il puisse transmettre l’information et être compris par les auditeurs et finalement un sketch de Hassan El-Fad qui illustre la situation du jeune. Toutes ces personnes n’arrivent pas à répondre à la question de Paul Valéry : “Comment puis-je dire avec les mots de tous ce qui n’appartient qu’à moi ?” prononcé par un professeur qui donne un cours sur l’importance de la parole dans un des extraits.

Pour moi, je vois qu’on est vraiment devant une situation qui produit plusieurs problèmes et qui engendre une perte de communication. Par exemple, pendant tout mon parcours scolaire, j’avais plein de problèmes avec la langue.

Premièrement, en primaire : je suis amazigh et j’avais un problème avec l’arabe, je ne l’utilisais pas sauf pendant l’écriture. Même nos professeurs ne l’utilisaient pas pendant l’explication des cours. 

Deuxièmement, à la faculté : j’avais des difficultés avec le français donc je ne comprenais pas les cours et j’ai redoublé la première année pour pouvoir prendre le temps de développer ma langue au niveau des mots techniques utilisés. 

Finalement, pendant ma participation au programme MOMKIN : j’ai vraiment eu la chance de pouvoir faire un diagnostic général de mon niveau et malgré toutes ces années à l’école, les différentes expériences, j’ai toujours des problèmes liés à la langue qui m’empêchent de m’exprimer correctement.”

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