LECTURE : Homo Deus – Yuval Noah Harari

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À Connect Institute nous considérons la lecture comme un des fondements du développement humain qui fait tant défaut dans notre société.

Nous essayons aussi de faire aimer la lecture à travers des textes contemporains reconnus dans le monde.

Le 7 septembre 2017, les participants ont été invités à lire et traduire quelques extraits du livre Homo Deus – A Brief History of Tomorrow de Yuval Noah Harari. Des extraits relatifs au devenir de l’éducation.

 

« When schools began assessing people according to precise numerical marks, the lives of
millions of students and teachers changed dramatically. Marks are a relatively new
invention… Thousands of years after the Agricultural Revolution few education
establishments used precise marks… An undergraduate in Shakespeare’s day left Oxford
with one of only two possible results – with a degree or without one.
It was the mass education systems of the industrial age that began using precise marks on a
regular basis. After both factories and government ministries became accustomed to
thinking in the language of numbers, schools followed suite. They started to gauge the worth
of each student according to his or her average mark…Once bureaucrats adopted this
yardstick, reality was transformed.
Originally, schools were supposed to focus on enlightening and educating students, and
marks were merely a means of measuring success. But naturally enough schools soon began
focusing on acheiving high marks. As every child, teacher and inspector knows, the skills
required to get high marks in an exam are not the same as a true understanding of
literature, biology or mathematics. Every child, teacher and inspector also knows that when
forced to choose between the two, most schools will go for the marks.
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In the middle ages the source of all meaning and authority was external, hence education
focused on instilling obedience, memorising scriptures and studying ancient traditions.
Teachers presented pupils with a question, and the pupils had to remember how Aristotle,
King Salomon or St Thomas Aquinas answered it.
In contrast, modern humanist education believes in teaching students to think for
themselves. It is good to know what Aristotle, King Salomon and Aquinas thought about
politics, art and economics ; yet since the supreme source of meaning and authority lies
within ourselves, it is far more important to know what you think about these matters. Ask a
teacher what she is trying to teach. ‘Well,’ she will answer, ‘I teach the kids history, or
quantum physics, or art – but above all I try to teach them to think for themselves.’ It may
not always succeed, but that is what humanist education seeks to do.
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Since we do not know what the job market will look like in 2030 or 2040, already today we
have no idea what to teach our kids. Most of what they currently learn at school will
probably be irrelevant by the time they are forty. Traditionally, life has been divided into two
main parts : a period of learning followed by a period of working. Very soon this traditional
model will become utterly obsolete, and the only way for humans to stay in the game will be
to keep learning throughout their lives, and to reinvent themselves repeatedly. Many if not
most humans may be unable to do so. »

 

« Quand les écoles se mirent à évaluer les individus en leur attribuant des notes précises, la vie de millions d’étudiants et enseignants changea du tout au tout. Les notes sont une invention relativement récente. Les chasseurs-cueilleurs n’étaient jamais notés pour leurs prouesses, et des milliers d’années encore après la révolution agricole, peu d’établissements éducatifs utilisaient des notes précises. À la fin de l’année, un apprenti cordonnier médiéval ne recevait pas un bout de papier indiquant qu’il avait obtenu A en lacets, mais C en boucles. Au temps de Shakespeare, un étudiant quittait Oxford avec ou sans diplôme : personne ne songeait à lui attribuer 74 mais à donner 88 à un autre étudiant.

Ce sont les systèmes éducatifs à grande échelle de l’ère industrielle qui répandirent l’usage régulier des notes. Quand les usines et les ministères se furent habitués à employer le langage des chiffres, les écoles leur emboîtèrent le pas. Elles se mirent à jauger chaque étudiant en fonction de sa moyenne, tandis que la valeur de chaque professeur et principal était jugée selon la
moyenne générale de l’école. Du jour où les bureaucrates adoptèrent ce critère d’évaluation, la réalité s’en trouva transformée. À l’origine, les écoles étaient censées se concentrer sur l’éducation et l’instruction des élèves, et les notes n’étaient qu’un moyen de mesurer la réussite. Assez naturellement, cependant, les écoles ne tardèrent pas à se concentrer sur la quête de bonnes notes. Comme le sait tout enfant, enseignant ou inspecteur, les talents nécessaires à l’obtention de bonnes notes aux examens ne sont pas les mêmes que ceux dont on a besoin pour comprendre la littérature, la biologie ou les mathématiques. Tous savent que, si elles ont à choisir entre les deux, la plupart des écoles privilégieront les notes.

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Au Moyen Âge, la source du sens et de l’autorité était toujours extérieure : le but de l’éducation était donc d’inculquer l’obéissance, de mémoriser les Écritures et d’étudier les anciennes traditions. Les maîtres posaient une question aux élèves, qui devaient se souvenir de la réponse d’Aristote, du roi Salomon ou de saint Thomas d’Aquin.
En revanche, pour l’éducation humaniste moderne, il s’agit d’apprendre aux élèves à penser par eux-mêmes. Il est bien de savoir ce qu’Aristote, Salomon ou l’Aquinate pensaient de la politique, de l’art et de l’économie ; mais puisque la source du sens et de l’autorité réside en nous, il est autrement plus important de savoir ce que vous pensez de toutes ces questions. Demandez à un enseignant – au jardin d’enfants, à l’école ou à la faculté – ce qu’il essaie de transmettre : « Eh bien, répondra-t-il, j’enseigne aux élèves l’histoire, la physique quantique, l’art, mais surtout je leur enseigne à penser par eux-mêmes. » Ça ne peut pas toujours réussir, mais c’est ce que l’éducation humaniste cherche à faire.

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Puisque nous ne savons pas à quoi ressemblera le marché du travail en 2030 ou 2040, déjà aujourd’hui, nous n’avons aucune idée de ce qu’il faut apprendre à nos enfants. La plupart de ce qu’ils apprennent actuellement à l’école sera probablement inutiles avant qu’ils aient quarante ans. Traditionnellement, la vie a été divisée en deux parties principales : une période d’apprentissage suivie d’une période de travail. Très bientôt ce modèle traditionnel deviendra complètement obsolète, et la seule façon pour l’humanité de rester dans le jeu sera de continuer à apprendre tout au long de leur vie et de se réinventer à plusieurs reprises. Beaucoup, si ce n’est pas la plupart des humains ne sont pas en mesure de le faire. »

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