Cette semaine, nous avons invité nos jeunes à faire une dictée et ensuite à discuter d’un extrait du livre de Fernand Braudel “Civilisation matérielle, économie et capitalisme, XVe- XVIIIe siècle”.
Voici l’extrait du livre de Braudel :
“Les civilisations ou les cultures sont des océans d’habitudes, de contraintes ,de conseils, d’affirmations, toutes réalités qui semblent personnelles et spontanées, alors qu’elles nous viennent souvent de fort loin. Ce que Necker disait de la religion : Elle est pour les pauvres une chaîne puissante et une consolation journalière, on peut le dire de la civilisation et pour tous les hommes. Entre monde chrétien et Islam le vocabulaire suggère les emprunts : Douanes, magasins, fondouks….
Autre signe, ces dons de l’Orient à l’Europe : La soie, le riz, la canne à sucre, le papier, le coton, les chiffres indiens, la science grecque retrouvée à travers l’Islam, la poudre à canon, la boussole, autant de bien précieux et retransmis.
Accepter la réalité de ces emprunts, c’est prendre position contre le rôle matriciel de l’Empire romain. Car cet Empire tant vanté, nombril du monde et de notre propre histoire étendue à l’ensemble des rivages de la Méditerranée, n’est qu’une partie d’une économie mondiale antique bien plus vaste que lui, et destinée à lui survivre. Pendant des siècles ce que nous appelons économie musulmane, c’est donc la mise en œuvre d’un système hérité, une course de relais entre marchands d’Espagne, du Maghreb, d’Egypte, de Syrie, de Mésopotamie, d’Iran, d’Abyssinie, de Goudjerate.
Avant même d’être, l’Islam était, vu ses héritages, une civilisation commerciale.
Les marchands musulmans ont joui auprès des maîtres politiques, d’une considération précoce que l’Europe n’a pas connu. Le prophète lui même aurait dit : ” Le marchand jouit de la félicité à la fois dans ce monde et dans l’autre, celui qui gagne de l’argent plaît à Dieu “.
Dans ces conditions, s’il fallait choisir une date pour marquer la fin des apprentissages de l’Europe marchande à l’école des villes d’Islam, celle de 1252, le retour de l’Occident aux frappes de monnaie d’or, semblerait défendable.”