Vers mes 16 ans, nous troquions le bel appartement dans lequel j’avais grandi pour une petite maison dans un quartier populaire de la ville. Quelques jours avant notre départ effectif, ma mère demande à un peintre de refaire toutes les vieilles portes en bleu marine. Elle lui donne un échantillon de la peinture à utiliser, une avance et ne revient que trois jours plus tard. A sa grande surprise, les portes sont en bleu clair et contrastent avec la blancheur des murs, la renvoyant directement aux ruelles de Chefchaouen. Elle demande à l’homme qui se tient sereinement devant elle : « Ce n’est pas la couleur que j’avais demandé. » Il répond, d’un air satisfait : « Celle-ci est meilleure. L’autre ne me plaisait pas vraiment. » Ma mère, qui est tout sauf diplomate, lui lance très calmement et contre toute attente : « Excusez-moi, vous allez habiter ici ? » Il se contente de répondre par la négation, d’un petit mouvement de la tête, « Alors racle ces portes et refais la peinture avec la couleur que tu n’aimes pas ! ».
Flash de La Lettre N°70
Vers mes 16 ans, nous troquions le bel appartement dans lequel j’avais grandi pour une petite maison dans un quartier populaire de la ville. Quelques jours avant notre départ effectif, ma mère demande à un peintre de refaire toutes les vieilles portes en bleu marine.