Et si penser avec une langue et s’exprimer avec une autre altérait la qualité de nos idées ?

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Comme tous les centres Connect Institute, MAHIR Center est basé sur la lecture et l’écriture quotidiennes. Nous demandons aux jeunes d’écrire au minimum une fois par semaine un texte structuré autour des réflexions que leur inspire un texte, une vidéo ou un podcast. Notre objectif est que les participants s’approprient cet acte. Quelle n’est pas notre joie lorsqu’ils nous envoient des réflexions spontanées ! Lorsqu’ils posent sur papier leurs idées, lorsqu’ils analysent ce qu’ils vivent, sans que nous l’ayons demandé. Il y a quelques jours, El Mehdi et Othmane nous ont envoyé une réflexion que nous partageons ici.

El Mehdi Maarouf, 23 ans et Othmane Marrakchi, 24 ans

 

 

 

La décision d’écrire ce texte nous est venue tard le soir, tandis que Mehdi et moi-même étions en train de discuter de notre journée.

Nous avons parlé de l’efficacité au travail, comment chacun des participants était plus ou moins habile à réaliser les tâches qui lui incombaient, mais surtout comment chacun d’entre nous parvenait à exprimer ses idées. Nous avons donc porté une petite réflexion autour de ce sujet.

Le fait de penser, de s’exprimer et d’écrire dans la même langue permettrait-il de véhiculer plus facilement une idée, contrairement à une personne qui va raisonner dans une langue, et exprimer son idée avec une toute autre langue ?

Nous avons fait ce constat en passant en revue les deux dernières semaines que nous venions de passer, plus précisément depuis l’arrivée de Chloé et Adéomi. Ce qui nous a frappé Mehdi et moi, c’est l’aisance avec laquelle elles expriment toutes les deux leurs idées. Le meeting que nous avons eu avec Fouad Laroui et qui a été animé par Chloé nous a confirmé cela. Elle a su poser les bonnes questions, de la bonne manière et au bon moment, malgré la délicatesse du sujet. Je me rappelle en avoir discuté avec Mehdi le jour même ; nous étions tous les deux intrigués.

Nous nous sommes demandés : « et si le fait de maîtriser la langue n’était pas suffisant ? Nous parlons tous plus ou moins bien le français, mais ce n’est pas pour autant que l’on s’exprime correctement. Alors à quoi cela est-il dû ? »

Nous avons développé une théorie lors de cette longue nuit. Et si cela était dû au fait que l’on soit constamment amené à jongler avec deux langues différentes (la Darija avec laquelle on élabore nos idées, et le français qui nous permet d’exprimer ces mêmes idées dans un contexte plus officiel).

Nous auto-détruisons une partie de nos idées en faisant cette transition. Elles sont tout d’un coup moins pertinentes, et elles perdent de leur efficacité.

Nous sommes persuadés que la lecture est un remède efficace à ce trouble. Nous deux, qui ne sommes pas habitués à lire, sommes quand même convaincus que c’est « la » solution.

Cette discussion nocturne nous a permis dans un premier temps de poser un
constat (penser avec une langue et s’exprimer avec une autre altérerait la qualité de nos idées). Ensuite, nous avons convenu qu’il y avait bien une issue à cette problématique (la lecture).

Cependant, d’autres pistes restent à explorer. Nous avons un sérieux problème de langue au Maroc et les conséquences finissent par peser sur les jeunes, qui, face à ces difficultés d’expression, finissent par se renfermer, et se condamnent à un avenir médiocre.

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