RÉDACTION – L’odyssée de l’écriture (Texte de Ayoub El Mouden)

Total
0
Shares

Cette semaine, les participants MAHIR partagent avec vous leurs écrits à propos du documentaire ARTE “L’odyssée de l’écriture”.

Voici le texte d’Ayoub El Mouden, 23 ans – Participant MAHIR :

En suivant les traces archéologiques des civilisations antécédentes, le réalisateur britannique David Sington nous amène – dans le premier épisode de sa trilogie documentaire « L’Odyssée de l’écriture » diffusée sur la chaîne culturelle ARTE France – à découvrir l’histoire fabuleuse des origines de l’écriture et comment cette dernière est arrivée à prendre sa forme alphabétique actuelle.

Toute invention humaine provient d’un besoin, tel est le cas pour l’écriture. Durant des milliers d’années, les cultures se sont transmises par l’oral, avant que les égyptiens de l’Antiquité éprouvent le désir d’immortaliser la vie de leur pharaon Téti en transcrivant son nom par des images stylisées qui vont devenir par la suite des hiéroglyphes, dont les premières traces datent de 3700 avant notre ère. En parallèle, les sociétés sumériennes en Mésopotamie devenaient de plus en plus complexes, d’où la nécessité de tenir des registres pour faire la comptabilité et mieux s’organiser. Et c’est ainsi que les tablettes pictographiques ont été inventées. Encore plus loin du Croissant fertile, en Chine ou chez les mayas, chaque forme d’écriture inventée tire ses bases du même principe : celui du rébus. C’est-à-dire au pouvoir de l’image à représenter du son. Enfin, c’est à travers les dérivations et les modifications successives de ces images que les systèmes d’écriture ont évolué pour devenir des transcriptions alphabétiques avec le moins de caractère possible.

Désormais, l’odyssée de l’écriture n’est plus un mystère. Sauf que l’histoire ne s’arrête pas là : si l’alphabet a été inventé, c’est pour nous servir. Mais d’abord, il faut savoir s’en servir !

De mon enfance, je garde le beau souvenir d’un compliment de mon institutrice durant ma première année du primaire qui était contente de savoir que j’avais déjà tout l’alphabet arabe en tête (pour le français, j’en suis pas sûr). Heureusement pour moi, j’avais des parents soucieux de ma scolarité ce qui m’a permis d’avoir les conditions favorables à l’acquisition des bases de la lecture, ce qui n’est malheureusement pas le cas pour beaucoup d’autres personnes. Dans un récent rapport, la Banque Mondiale a fait savoir qu’en 2019, 66 % des enfants marocains âgés de 10 ans sont illettrées, c’est-à-dire incapables de lire et comprendre un texte simple – en arabe – malgré leur passage à l’école ; sachant que les experts en pédagogie s’accordent à penser que les lacunes cognitives fondamentales sont irréversibles après cet âge. D’où vient alors le problème ? N’est-il pas juste question de simplification de la langue arabe en l’adaptant avec la darija : la langue maternelle des Marocains ? Exactement comme l’avaient fait les visiteurs cananéens à Serabit el-Khadim, il y a 4000 ans, en ajustant les symboles des hiéroglyphes à leur propre langue !

La maîtrise de l’arabe classique est faible, y compris chez les adultes. Comment en faciliter l’apprentissage ? Bien sûr, la lecture peut aider à acquérir du vocabulaire pour comprendre le texte. Mais en attendant de se réconcilier avec le livre, trouver une autre solution s’impose de toute urgence.

Retrouvez toutes les actualités de Connect Institute

Recevez notre news lettre chaque mardi !

RECOMMANDÉS POUR VOUS