ciFLAM #7 : Stalker (1979)

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Pour cette septième édition, les jeunes ont assisté à la projection de Stalker, un film ouest-germano-soviétique réalisé par Andreï Tarkovski, sorti en 1979.

Le film est inspiré d’un roman de science-fiction du même nom, paru en 1972 et écrit par les frères Strougatski.

Voici ce qu’en pense Youness :

Le film projeté cette semaine s’intitule Stalker, un film de l’Union des républiques socialistes soviétiques sorti en 1979 et réalisé par Andreï Tarkovski. Situé dans un pays indéterminé, la Zone est une région mystérieuse, dangereuse, où seuls les Stalkers, osent s’aventurer.

Le film est un ovni cinématographique; bijou du cinéma mondial. Inclassable et intemporel, le film nous emmène dans une aventure à la fois onirique et physique. Comme dans un rêve, le film nous plonge dans “La Zone’’, sans savoir comment ont a pu s’y retrouver.

Le Stalker emmène un écrivain et un physicien à l’intérieur de cette Zone, ou précisément dans une chambre où leurs désirs les plus chers pourront être exaucés. Le film met trois personnages, de différentes classes sociales et intellectuelles qui s’affrontent dans des dialogues philosophiques ou éthiques et parfois des monologues shakespeariens à propos de la religion, de la foi et de la condition humaine.

Stalker prédit la catastrophe de Tchernobyl dix ans en avance, lorsqu’il décrit un territoire désert, des bâtiments abandonnés, interdits au public suite à un phénomène toxique et mortel.

Le réalisateur est toujours exigeant et à la recherche de la méditation et de l’élévation, en rejetant le matérialisme industriel et politique de son époque. Le rythme long du film (144 plans dans 2h42min) en opposition à des films du nouveau millénaire (une moyenne de 1200 plans dans 2h00), permet au spectateur d’observer et réfléchir sans précipitation afin de comprendre le sens complexe et inouï de la vie.

Rares sont les expériences sonores comme dans Stalker car les bruits industriels (usines détruites et trains soviétiques) et la bande son (électronique, rythmique, répétitive, hypnotique presque musicale) contribuent fatalement à l’ambiance anxiogène du film qui emmènera les membres de l’expédition et aussi le spectateur au bord de la folie.

Le spectateur est mal à l’aise face aux couleurs très étranges dans cette oeuvre, qui basculent entre le sépia maladif et les couleurs pures, belles et apaisantes de la nature sauvage de la zone, dues au specifique grain de la pellicule et de la lumière naturelle du lieu de tournage en Estonie. Malheureusement, sept ans après le film, cinq membres de l’équipe dont le réalisateur sont morts à cause d’une contamination chimique pendant le tournage en Estonie.

Toutes les frontières, celles entre le concret et l’abstrait, la réalité et le rêve, le physique et le mental, le temps et l’espace, tendent à se brouiller, alors que des merveilles surgissent sous la forme des paysages verdoyants, de roches, d’éléments végétaux et minéraux et d’une eau omniprésente dans la totalité du film.

Sculpteur de temps ou poète de cinéma comme on le surnomme, Andreï Tarkovski est considéré comme pionnier et créateur de nouvelles formes en cinéma, en maîtrisant l’unité de temps, d’espace et d’action. Il offre à l’univers sa vision d’un monde énigmatique qui devient de plus en plus pollué et stérile.

La beauté et la puissance des plans et leur complexité esthétique, ainsi que la densité poétique transcendent le médium du cinéma et joignent la peinture, le théâtre et la littérature.

Entre film social, film de science fiction et d’apocalypse, Stalker est une œuvre rare et déroutante.

Par Youness Jord

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