Présentation au Wali : le journal de bord d’Amina

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Amina est une participante de MAHIR Center à Benguerir. Comme 4 autres de ses camarades, elle a participé à la résidence artistique, à Connect Institute, de préparation de la rencontre avec le Wali d’Agadir. Elle nous a envoyé son journal de bord, que nous publions ici.

“Nouveau défi, nouveau décor. Sincèrement, je ne savais absolument pas à quoi m’attendre. Suite à l’ouragan NABNI, tout était possible.

Objectif : Séduire le wali. Nombre de jours de préparation : 5. Personnages : Les jeunes, au cœur de l’évènement, la famille Connect, une partie de la famille Mahir, des chorégraphes professionnels de France. Chefs d’orchestre : Taha, Mamoun, Fouad.

Vendredi 26/02 – Arrivée et repérages.

Déjeuner à Connect. Il règne dans cet espace une ambiance particulière dans laquelle on se sent tout de suite à l’aise. Retrouvailles avec les visages familiers, un bon repas, on file pour le repérage de la salle de la wilaya. Une salle de réunion des plus formelles. La salle est grande. On rencontre Fouad. Prise de photos, de mesures, de contacts. Nous sommes rapides et efficaces. Choukairi devra tout installer. De retour à Connect, on s’installe tous ensemble à l’agora et on découvre la méthode et la personnalité de Fouad. Les jeunes chantent, dansent, je découvre les talents de Khalid a la guitare. Puis Taha ose. ‘A toi Fouad.’ ‘Ils ont été tellement généreux, je ne peux pas refuser’. Il improvise une danse spontanée. Une manière simple et originale de faire connaissance. Un échange qui ne pose pas d’autorité mais un partage. Le ton est donné. Taha et Fouad insistent sur la ponctualité. Rendez-vous est pris le lendemain pour 9h. On prend connaissance de l’avancement de la pièce et des besoins. Les tableaux et retro planning se dessinent dans ma tête : vidéos, matériel, listes.

Le soir, alors qu’on écrivait nos mails respectifs, je commence à faire des étirements au sol. Fatim Zahra me rejoint, on s’étire ensemble. Samira, Samad, Anaelle puis Zakaria nous rejoignent également. Petit à petit, d’étirement en chansons, on danse comme des fous. Une ambiance de recréation avec des enfants trop contents de faire connaissance. Trois heures plus tard, nous étions toujours aussi surexcités. Fiona arrive à minuit, on monte se coucher pour ne pas faire de bruit.

Samedi 27/02 – Réveil corporel, répétitions et courbatures

Cours matinal collectif pour un réveil corporel. Tout le monde y participe. On s’échauffe, on s’approprie l’espace. On s’emmêle. Je prends le relai de l’appareil photo pour que Maria puisse suivre le reste du cours et je vois entre le réel et l’écran une évolution de minute en minute. Les corps se délient, petit à petit. Le rythme change, les mouvements sont plus amples, les duos sont naturels.

Puis Fiona et Fouad attaquent avec eux la chorégraphie du portrait collectif. Une rigueur joyeuse règne. La progression du travail en peu de temps est impressionnante. Ils sont concentrés, attentifs, et se donnent a 100%. Chloé les regarde avec les yeux qui brillent devant son ordinateur, comme un enfant puni a faire ses devoirs et qui regarde par la fenêtre ses camarades jouer. Elle ne tient pas longtemps pour les rejoindre.

Les tablées du déjeuner sont joyeuses. L’après-midi, nous faisons un premier filage de l’ensemble de la pièce. Un plan séquence chorégraphié. Chacun prend ses notes pour coordonner pour Liqah entre texte, musique et vidéos.

Le soir, tout le monde est épuisé. Les jeunes ont des courbatures partout. Ce soir, pas de boom.

Dimanche 28/02 – Randonnée et filage

9h30. Départ pour la Randonnée matinale. Les habitués connaissent le trajet. Nous découvrons le parcours dominical de Taha. Une très belle montagne voisine du quartier. Nous sommes une douzaine, Fiona est avec nous. C’est une journée ensoleillée et agréable. Yassine est en claquettes et il cavale aisément sur le chemin. Hind tient le rythme en première ligne. Nous arrivons à la première étape. Taha nous montre en hauteur une partie à atteindre. ‘Chacun se débrouille, on se retrouve là-haut. Un seul conseil, n’empruntez pas le même chemin que vos voisins afin d’éviter de vous prendre leur pierre’ Et c’est parti pour une montée sur des pierres pas toujours très stables, mais on arrive tous à destination à notre rythme et suivant notre propre chemin et logique. Chloé a vite repéré le chemin de Taha et l’y a devancé. Fiona dit spontanément ‘C’est un fou intelligent ce Taha’.

La suite du parcours est plus agréable, on profite des couleurs du printemps, des arbres en fleurs. On s’installe pour un Hikayate improvisé. Zineb, Samira et Anaelle nous rejoignent, elles s’étaient perdues et ont été accompagnées par un triporteur pour arriver à temps. J’ai adoré l’histoire de Mohssine qui, influencé par Tom et Jerry et Ratatouille, adorait rats et souris et attendait qu’ils lui prépare à manger. Ou celle de Yassine qui prenait son vélo comme la 3eme et dernière catégorie des genres humain et animal et qui, en haut de la montagne, lui demandait de le faire descendre et s’énervait de sa non réactivité. Et enfin Zineb qui, voulant qu’un voisin dont elle était amoureuse la remarque, trébuche et fait tomber toutes ses affaires de hamam par terre devant lui. Les histoires de chacun nous permettent de mieux connaitre les personnes qui nous entourent. Le retour est bon enfant. Anecdotes, photos et descente. J’avoue être partie en trainant des pieds et en me disant que j’aurai mieux fait de me reposer, mais ça m’a fait du bien et vidé la tête.

Au retour, Mamoun était arrivé.
Nous avons de nouveau répété Liqah l’après – midi, ainsi que tout le filage avec l’ensemble des parties du déroulé. Choukairi finalise sa liste matériel, et nous passons à Dar Moumkin charger ce qui manque.

Le soir, Fouad passe la nuit à Connect. Spontanément, Samad et lui commencent à jouer aux percussions, les filles dansent, Chloe a droit à un cours de gnaoua et de youyous, une chanson en appelait une autre. Puis Fouad nous donne un cours de relaxation. Toujours dans la spontanéité et la générosité. Certaines choses ne se programment pas et c’est ce qui fait leur charme. La danse fait définitivement partie de notre quotidien, en préparation comme en off.

Lundi 01/03 – Filage, matériel et costumes

8h30 sur place. Les jeunes sont là. Motivés et souriants. Je remarque que Meriem a changé de look, et elle est tellement belle. Le rythme est pris : répétitions de danse en matinée et après-midi filage. Les rubaiyate d’Omar Al Khayam chantées par Oum Keltoum est notre bande sonore.

Les jeunes écoutent, enregistrent, et appliquent. Les rectifications stressent quelques uns. Les accessoires sont finalisés, et les costumes achetés. Aslam est là et nous aide. Nous travaillons le rythme des entrées et des sorties de chacun, peaufinons les vidéos, Chloé prépare le powerpoint contenant tous les supports de présentation. Nous découvrons les talents de jongleur de Mamoun. Zakaria retravaille ses vidéos suite aux remarques.

Le soir, nous allons diner au 116. Fiona hallucine d’être dans un restaurant. On oublie qu’on a la chance de circuler et de profiter d’endroits publics. En France, en ce moment, c’est la mort.

Mardi 02/03 – Répétitions sur décor, harcha, biscuits et emballage

Matin : Répétitions de danse, préparation de la harcha en cuisine. 13h : Le matériel son est chargé. 15h : Répétition sur les lieux. Choukairi a la double fonction de musicien en chef et de régisseur son. Petit stress de tout gérer face aux exigences de tous. Les jeunes prennent leurs marques dans l’espace réel. Ils répètent en costumes. Ils sont beaux, concentrés, rigoureux. Fouad est un très bon chef d’orchestre. Il sait gérer leur énergie. Les encadrer et les recadrer quand il faut. Le soir, on reste tard. Il faut finaliser les vidéos, monter les nouvelles dont on vient de recevoir les rushes, finir les biscuits, emballer la harcha, apprendre nos textes. Mais tout se fait dans une symbiose et une simplicité déroutante. Les jeunes sont polyvalents, disponibles, pro-actifs.

Zineb, après avoir interprété Zyriab, Laila Baalabek, introduit et conclut la pièce Liqah, prépare et fait cuire les délicieux gâteaux au chocolat. Et avec Maria, Samira, Hind, Anaelle et Samad, les emballe en chantant.

Mercredi 03/03 – Jour J et magie

Réveil matinal. Nous sommes tous sur place a 7h30 pour les dernières rectifications et un dernier filage que l’on ne peut terminer. À 9h30, les responsables commencent à arriver. Ils sont parfaits. Je garde mon déroulé sous les yeux, admirative de leur professionnalisme. Chacun remplit sa mission. Mamoun est un parfait maitre de cérémonie. Décontracté, juste. Tout s’enchaine avec fluidité, harmonie. Quand vient mon tour je balbutie et perds quelques lignes. Mamoun rattrape mon oubli de l’annonce de l’évènement du 21 Juin. Le tout était beau. Mission accomplie. On se retrouve tous ensemble dans le balcon extérieur. On se félicite et on exprime notre émotion. De retour dans la salle, Fiona pleure d’émotion. Beaucoup d’amour s’est installé en peu de temps.

Je suis fascinée par la magie et l’harmonie qui s’est dégagée de cette expérience. Le défi était important, et ils ont su le relever. Chacun a fait sa part et apporté son expertise dans la joie, la danse et le partage.

J’étais vraiment très fière de ce qui a été accompli, et si notre jeunesse ressemblait à ce groupe de perles motivées, cultivées, disciplinées, pleines de confiance et d’espoir, bien dans leur corps, sachant s’exprimer et sachant ce qu’elle veut, notre pays irait tellement mieux.

J’ai eu devant les yeux ces derniers jours une réponse à quelque chose que je cherchais depuis longtemps, à quelque chose que j’ai cherché dans d’autres pays et cru trouver en traversant des milliers de kilomètres, en baignant dans d’autres langues. L’espoir de lendemains inclusifs. L’évidence de rester pour construire. La promesse d’un projet concret où le travail et les efforts de chacun se complètent. La force d’un groupe qui converge vers un projet qui fait sens.

La Coupole est un projet important. Les défis à venir sont encore nombreux, mais cette étape a posé une base qui présage énormément de bonnes choses à venir.”

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