La crise sanitaire et les jeunes – La connaissance est une arme

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Les participants au programme La Coupole ont été invités à produire un article sur la jeunesse marocaine durant la crise du COVID en s’inspirant d’un article publié sur Le Monde.

Youssef et Ayoub ont travaillé avec les collaboration des autres participants sur la réalisation de cet exercice. Ils ont rassemblé des témoignages pour illustrer la situation, ils ont rédigé par la suite l’intégralité de l’article et ont choisi le titre.

Découvrez l’article :

Le Maroc a enfin décidé de réduire les mesures de précautions sanitaires, après environ 18 mois entre le confinement total et le couvre-feu. La période qui a affecté l’économie nationale et les citoyens. Ainsi qu’elle a changé notre regard sur plusieurs choses.  

Une période où nous devons tirer plusieurs leçons, au niveau du  management économique, de la gestion du temps, le rôle de l’hygiène dans notre vie et l’adaptation avec tous les challenges de l’humanité.

En tant que jeunes marocains nous pensons qu’il est important de prendre un moment de réflexion afin de mesurer l’impact de tous ces événements vécus cette année sur notre présent et futur. Qu’est ce que c’est que d’être jeune entre 18 et 27 ans en période de crise sanitaire ? Les jeunes marocains sont-ils perdants dans cette crise ? 

Pour en savoir plus, nous avons récolté des témoignages de jeunes marocains sur leur  expérience avec la pandémie. 

Covid 19 et stress familial

D’après les témoignages recueillis parmi une dizaine de jeunes, le poids de cette crise sanitaire a été très négatif sur leur santé mentale. Plusieurs ont témoigné que le fait d’être enfermé pendant de longues périodes avec leurs familles a causé beaucoup de stress et a négativement impacté leurs relations, surtout pour ceux qui partagent le même foyer avec leurs familles étendues. “L’expérience du confinement pour moi est un peu négative à cause du manque de liberté de sortir, et aussi parce que j’ai commencé à avoir des problèmes de colère que je n’en avais pas avant. Je pense que c’est parce que je restais tout le temps à la maison à entendre du bruit et des conflits entre les membres de ma famille.” dit Samad (24 ans de Drarga). Hamza Bouhsin (20 ans de Aourir) a également vécu une expérience similaire : “ Rester à la maison familiale pendant trois mois sans sortir n’était pas bon pour moi. Je me souviens qu’il y avait des semaines où je ne sortais même pas de ma chambre, manger, dormir et étudier dedans. C’était comme la vie des prisonniers”. “ Mon père, en raison des nombreuses précautions et de sa peur du virus, a semé la peur et l’anxiété dans mon psychique.” déclare aussi Naima El Bahjaoui (22 ans de Tiznit). 

Hamza Essafi (22 ans de Hay Al Farah) Ajoute : “En période de confinement j’ai senti un penchant un peu trop religieux chez les membres de ma familles qui n’existait pas avant : plus de prières, cassettes de coran mises en boucle pendant toute la journée, et expériences de traitements que des personnes inconnues suggèrent sur WhatsApp juste parce qu’ils entendent que le remède a quelque chose à voir avec Dieu et le Coran, afin de se protéger du Coronavirus.”

Certains jeunes étaient perturbés à cause de ce tas de temps qu’ils n’arrivaient pas à bien exploiter. ” Malheuresement j’étais une personne qui ne travaille pas et ne s’améliore pas, et je n’étais même pas conscient de ça. Mais après un mois de confinement, j’ai commencé à sentir la peur, la dépression et l’anxiété. J’étais perdu, j’avais aucun objectif, aucune idée, aucun chemin pour dépasser cette période.  J’étais victime de réseaux sociaux, Je dormais mal, mes amis me manquaient et j’ai vécu dans une spirale de répétition et de routine.” déplore Ahmed Amine Boutgayout ( 21 ans de Dcheira). Naima a également souffert du même problème “J’étais inactive et J’ai perdu l’appétit, j’étais malade la plupart du temps. Je n’étais pas d’humeur, mon âme était très fatiguée, la colère et le désespoir me contrôlaient.”

Couvre feu et manque de liberté 

Le déconfinement en juillet 2020 n’a pas entièrement réglé les choses puisqu’il a été suivi par des restrictions de déplacement et couvre feu. Naima a ajouté: “L’indépendance m’a manqué. J’attendais avec impatience le déconfinement. Mais la situation n’était pas meilleure. J’étais obligé d’entrer chez moi a 20:00h, le temps d’étude, les rencontres entre amis et les sorties étaient limités. La nécessité de porter un masque, la stérilisation, et le respect de la distance entre moi et l’autre, ce sont des lois qui me donnent l’impression d’être emprisonnée.”. Noura (27 ans de Houara) partage aussi le même avis “après le déconfinement nous avons souffert de la limitation du temps, du coup à 20h00 tout est fermé, alors il est difficile de voir mes amis surtout ceux qui sont loin. Aussi il n’y a pas plus de temps pour faire d’autres activités après le programme. Ainsi je n’étais plus en forme  à cause de la fermeture des salles de sport où je faisais de la musculation.”

Futur incertain 

À cette solitude vécue par les jeunes, s’ajoute l’angoisse d’un futur inconnu. Rachida (28 ans de Guelmim) dit qu’elle a vécu cette année dans la peur : “Au début c’était la peur d’attrapper moi ou quelqu’un de ma famille le virus. Petit à petit j’ai commencé à avoir d’autres soucis en pensant à l’avenir après COVID19. Les choses vont sûrement changer, et j’ai peur de ne pas pouvoir trouver un sort pour  ma vie professionnelle, surtout que notre pays est dans un état de crise économique.”. Ayoub (28 ans de Tikiouine) qui travaillait dans une usine d’emballage durant le confinement ajoute : “Les choses ont beaucoup changé dans l’entreprise depuis le début du confinement. Le nombre d’employés a diminué et avec le temps de plus en plus de personnes cherchant du travail a augmenté.” Noura dit : “J’ai remarqué aussi que tout le monde a été obligé de travailler à domicile, cela a changé mon idée à propos du travail. J’ai réfléchi beaucoup concernant les domaines qui peuvent durer même dans ces situations de pandémie et dont je peux y travailler.”

Une occasion pour ralentir et réfléchir 

La pandémie a été aussi une pause ou bien un ralentissement de vie que certains veulent faire, pour qu’ils puissent mettre leur vie en question afin de trouver de nouveaux chemins mieux adaptés  à leur désir. “J’étais stressé avant la période du confinement et en pleine réflexion sur plein de choses. J’étais comme si j’avais faim d’être seule, d’avoir un peu de temps avec moi-même, loin de la course de la vie pour que je puisse organiser ma vie et  mes priorités selon mon propre rythme.” sent Meryem Bouzzit  ( 19 ans de Aourir). “Si vous m’aviez demandé une année avant la pandémie, si je voulais passer plus de temps, avec ma famille et pour réfléchir, j’aurais dit oui sans aucune hésitation. Le confinement m’a donné beaucoup de temps pour me concentrer sur moi même et les décisions que je dois faire pour trouver mon chemin.” poursuit Anaëlle Enders ( 18 ans de Seattle, États-Unis). Ayoub aussi a pris une importance décision afin de suivre son désir, “ j’ai ressenti que je vends mon âge et mon énergie à l’entreprise oú je travaille, alors  j’ai décidé de passer plus de temps avec ma famille et suivre ma passion, parce que  nous pouvons rattraper tout, sauf le temps, l’âge de la jeunesse en particulier.”

Samad partage aussi la même idée en disant “Ce confinement est après tout une sorte de seconde chance afin de donner la priorité à ce que l’on semble négliger depuis longtemps. J’ai eu la chance de faire une pause, de penser à moi et à ma vie, à mon avenir, au monde, à tout. Cela m’a poussé à apprendre dans différents domaines et m’a rendu plus ouvert aux différentes sphères de la vie. Et j’ai conclu que la vie est simple, c’est d’être ouvert et d’apprendre,  pas seulement ce que nous pensons pouvoir apprendre ou attendre d’apprendre, la vie est plus vaste que cela.”

L’adaptation a été l’arme de quelque uns

C’est vrai qu’ au début, la plupart des jeunes avaient peur et étaient perdus pendant le confinement. Mais pour certains, et à travers les inspirations qu’ils apportent de films et de livres qu’ils lisaient, ils étaient capables de s’adapter à la situation et de créer un mode de vie chez eux.  Aziz Oualid ( 22 ans de Agadir) nous assure cette idée dans son témoignage, “durant les premiers jours du confinement j’avais l’impression que ces jours seront difficiles et ennuyeux, mais au fil des jours je me suis adapté à cette nouvelle situation. Je me suis mis au défi que cette période je devrais bien l’investir, j’ai commencé à changer mes mauvaises habitudes (sacrifier beaucoup de temps sur les réseaux sociaux et sur les sorties avec mes amis) et les remplacer par les bonnes habitudes, au niveau de la lecture et de la manière de réfléchir et de voir la vie.” 

“Dans le livre Homo Sapiens de Yuval Noah Harari, j’ai vu comment nos ancêtres ont su s’adapter à la chaleur, au froid, comment ils galèrent pour chasser un animal qui va leur servir de nourriture, de vêtements et d’armes. Là, j’ai constaté que quelle que soit la situation de l’être humain, il doit savoir comment s’en sortir avec résilience au lieu de rester inactif et de maudir le monde.” découvre Hanane Oukaddour ( 23 ans de Agadir). Hamza Bouhsin ajoute aussi “Je regarde aussi de longs films ce qui m’a aidé à m’évader de la réalité et à m’emmener dans d’autres mondes imaginaires, comme le faisaient aussi les livres de fiction.” Refka (de Agadir) qui n’a que 14 ans a également partagé son témoignage “au début c’était difficile de s’habituer à un nouveau système de vie, mais quand j’ai donné une autre chance au confinement j’ai trouvé un côté positif pour cette épreuve. J’ai appris à bien utiliser mon temps, et aussi à être prête pour n’importe quelle situation.” 

Conclusion 

Une année difficile. Les jeunes interviewés le confirment. Pour les jeunes que moi personnellement je vois dans mon quartier et dans ma famille le vrai problème réside dans le manque d’accompagnement. L’école ne nous a pas suffisamment armés ni accompagnés pour affronter une telle épreuve imprévue, et dont l’éventualité n’a jamais traversé leur esprit comme probablement aussi celui de leurs parents. Les jeunes que nous avons interviewés ne sont peut être pas représentatifs de la situation de la jeunesse marocaine. Ils ont été accompagnés durant toute l’année grâce aux programmes conçus par Connect Institute passant leur journée à lire, écrire, et débattre. “Grâce à Connect j’ai pu lire plus pendant le confinement, surtout en français, j’ai beaucoup bénéficié des séances en ligne de débats, de théâtre, d’écriture et aussi produire des podcasts. Ils m’ont tous aidé à approfondir mes connaissances et à être plus ouvert d’esprit.” dit Maryem. Hamza Ess ajoute “j’ai appris aussi à travers Connect institute que, quelles que soient les mesures de précaution pour prévenir la Corona, nous ne devrions pas oublier qu’il existe aussi des mesures de précaution pour prévenir l’ignorance, et connaître à quel point il est important d’être conscient et d’être maître de son apprentissage afin de ne pas être enfermé dans l’ignorance.” 

Témoignages de :

  • Rachida Iaich, 28 ans – Guelmim
  • Noura Jebha, 27 ans – Houara 
  • Naima El Bahjaoui, 22 ans – Tiznit 
  • Aziz Oualid, 22 ans – Agadir 
  • Ayoub Boussam, 28 ans – Tikiouine
  • Hamza Bouhsine, 20 ans – Aourir
  • Hamza Essafi, 22 ans – Hay Al Farah 
  • Hanane Oukaddour, 23 ans – Agadir 
  • Maryem Bouzzit, 19 ans – Anza 
  • Anaelle Enders, 19 ans – Seattle, États Unis 
  • Refqa Laachir, 14 ans – Agadir 
  • Abdessamad Arrjdal, 25 ans – Drarga
  • Ahmed Amine Boutagayout, 21 ans de – Dcheira

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