Discussion sur l’écrivaine Djaïli Amadou Amal à Connect Institute

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Durant sa visite à Agadir, Rachida Akdaich, manager à MAHIR Center, a animé le samedi 27 mars une séance de débat autour d’un article publié dans le journal Le Monde qui raconte l’histoire de l’écrivaine camerounaise Djaïli Amadou Amal, lauréate du prix Goncourt des lycéens. Durant la discussion, les participants se sont exprimés sur les dangers des mariages précoces en donnant des exemples de leurs entourages et sur l’importance de la culture et de la lecture en particulier pour combattre ce genre de problèmes sociaux.

Voici ce qu’en pense Hanane Oukaddour, 22 ans :

Le hasard de trouver une bouée de sauvetage imprévue à l’enfance, la bouée qui a semé chez Djaïli Amadou Amal la graine de l’insoumission dans une société purement patriarcale, où la femme est enfermée dans l’état de soumission.

Mariée à dix-sept ans sans son consentement à un milliardaire de 30 ans son aîné par ses oncles, Djaïli Amadou Amal, a connu tout ce qui rend si difficile la vie des femmes du Sahel. Elle a aussi souffert de violences conjugales avec son second mari. Et pour la punir d’avoir fui le domicile conjugal, il a kidnappé ses filles. Mais la question qui se pose est : pourquoi est-elle si rebelle de ne pas accepter sa situation comme ont fait ses mères ou les femmes du Sahel ?

Tout d’abord, à 7 ans, elle habite Maroua, une petite ville au nord du Cameroun dénuée de bibliothèque et de livres à cause peut-être de la pauvreté. Alors, jouant avec les enfants d’une amie de sa mère, elle a découvert un livre dont elle ne connaît ni le titre ni l’auteur mais c’est un livre qui parle d’une forêt enchantée peuplée de fées, quelque part en Irlande, et depuis ce temps-là, la lecture est devenue la clé de son existence. Cette découverte a fait germer en elle l’obsession de lire plus de livres jusqu’à se faufiler dans l’église catholique parce qu’elle dispose d’une petite bibliothèque.

Le système néfaste de sa société impose le mariage précoce des filles, le harcèlement, la sous estimation et la dévalorisation des femmes, l’oppression … puis « Le paradis d’une femme, si elle sait obéir, se trouve aux pieds de son époux. »

Difficile de s’en sortir mais elle a pu s’échapper. Son remède et son arme était l’écriture. Comme ça, elle a pu publier son premier livre Walaande. Un jour, la guerrière a pu vaincre le prix Goncourt des lycéens pour son livre « Les Impatientes ». C’est le récit du destin de trois femmes ayant subi le mariage forcé, le viol conjugal et la polygamie. Munyal signifie « patience » en peul. « A l’origine, la patience est une valeur. Mais en vérité, cela veut dire : « Supporte, accepte, soumets-toi parce que tu es une femme et que tu dois faire ce qu’on attend de toi ! ».

A travers son association « Femmes du Sahel » créée en 2012, elle soutient la scolarisation des petites filles et par ailleurs « la voix des sans voix » face au système patriarcal et violent qui n’accorde pas toujours de l’espace à l’opinion de la femme.

La situation de ces femmes est presque la même au Maroc, mais la force de cette femme était la lecture et l’écriture. La lecture lui a permis de découvrir le dehors de sa petite ville, découvrir les autres modes de vie et acquérir l’esprit rebelle. Si les femmes marocaines entretiennent une relation avec la lecture, elles oseront se révolter et ne pas se taire sur leur situation insupportable.

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