Découvrez ce que Hamza Bouhsine, participant MAHIR Benguerir, a rédigé sur sa rencontre avec des enfants de Sidi Bou Othmane lors d’une visite culturelle

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Samedi 05/11/22, nous nous sommes rendus à Sidi Bou Othmane pour y découvrir des citernes historiques dont l’existence remonte aux temps des Almohades. À notre arrivée, nous nous sommes mis à explorer les environs et à nous renseigner sur les Khettaras auprès de l’historien et archéologue M. Fili ainsi que du professeur d’histoire et de géographie M. Hassan.

Cependant, ce qui m’a interpellé au bout de quelques minutes passées dans le village, a été de voir un petit nombre d’enfants se rapprocher et tenter de prendre place près de nous. 

Il suffisait que l’un d’entre eux franchisse le pas pour que tout le reste suive, faisant des va-et-vient, courant ou s’asseyant, souriant ou faisant des clins d’œil et parfois prêtant profondément attention aux propos de nos guides. 

Ils s’étaient installés contre un mur en ciment. J’ai éprouvé un fort besoin de les rejoindre, ce que j’ai fait sans hésitation. Je me suis assis près d’eux. Ils étaient bien à leur aise et ne manifestaient aucune peur ou timidité. 

Enfants aux yeux innocents, aux sourires ravissants, révélant la pauvreté et le besoin. Je me suis mis à échanger avec eux en leur demandant leurs noms, leurs passe-temps, et qui était leur capitaine ! 

Ils aiment jouer au football sans avoir de ballon, aller à l’école bien qu’ils ne supportent pas les instituteurs et qu’ils en aient assez du long parcours auquel ils doivent faire face quotidiennement. 

Ayoub me confie : “Ce soir, je jouerai un rôle dans la pièce de théâtre La marche verte”. Saber m’a raconté qu’il interprétera un rôle de soldat. Il rêve d’en devenir un. Ayoub a hoché sa tête pour confirmer les propos de son copain. 

Le groupe compte cinq enfants : Ayoub, Sabir, Abdelwafi, Simo et Mohamed. Ce dernier est absent à cause d’un accident de vélo qui lui a causé une blessure et qui l’a amené à l’hôpital, selon ses amis. Trois soldats et deux joueurs de football. Tels sont leurs rêves au moment où je les interroge sur ce qu’ils veulent être dans l’avenir. Des rêves communs, similaires et limités. 

Ils m’adressent la parole sans pour autant me fixer, ils ne craignent pas la parole, mais le regard, à l’exception d’Abdelwafi qui fixe mes boucles d’oreilles chaque fois que je m’exprime ! 

Les enfants se rendent en groupe à l’école et en reviennent aussi. Il arrive que Abdelwafi – le chef du groupe – vienne avec le portable de sa sœur et qu’ils se mettent autour de lui pour visionner des vidéos YouTube ou pour jouer à tour de rôle aux jeux de combat qu’apprécie Simo. 

  • Vous étudiez aujourd’hui ? 

“Oui, l’après-midi. Aujourd’hui, nous n’allons pas étudier, nous allons assister à la pièce de théâtre de la Marche verte et nous allons chanter l’hymne national.”

  • Aimez-vous l’école ? 

“Un peu. Les enseignants nous battent et les manuels sont très lourds, nous attendons encore qu’ils nous fournissent de nouveaux cartables.“

“Notre bus va partir !” La rencontre fut courte, mais le temps s’est écoulé longuement, je leur ai dit que nous serons bientôt de retour, puis j’ai fait un signe pour leur dire au revoir. Ils ont fait de même et sont partis à toute vitesse, laissant derrière eux des questions qui bouillent dans ma tête ; peut-être que même si je trouvais des réponses à ces questions, cela ne changerait rien. 

Quel avenir pour ces enfants ? En quoi sont-ils responsables s’ils n’ont pas une bonne condition de vie ? Pourquoi des soldats et des footballeurs ? Le bus est parti et Sidi Bou Othmane n’est plus à portée de vue.

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