La ville de Khouribga a eu le plaisir d’accueillir l’auteur marocain primé Abdelkrim Jouiti pour une rencontre avec les jeunes d’ACT School.
3 heures de partage entre l’artiste et les 72 participants des trois centres de Youssoufia, El Jadida et Khouribga.
Une première partie dédiée à un partage d’expérience et une seconde dédiée aux questions – réponses. Les participants s’étaient préparés à cette rencontre en étudiant et échangeant autour de plusieurs passages de ses 2 romans phares “Al Maghariba” et “Tawrat Al Ayyam Al Arbaâ”.
Un échange aux allures de voyage, ponctué de lectures, références, confessions, réflexions et conseils pour la jeunesse.
Le rêve de devenir écrivain, il l’a toujours porté en lui. Son enfance à Béni-Mellal a posé les bases de son imaginaire. Il a d’abord été initié aux histoires grâce aux contes quotidiens de son grand-père sous le figuier. Les ouvrages de sa sœur qu’il a lus, les lettres qu’il lui écrivait en essayant de retranscrire au mieux les émotions de sa mère, la frustration de ne pas avoir assez de vocabulaire.
Les encouragements des professeurs, sa curiosité à dévorer tous les ouvrages qui lui tombaient sous la main. Ses premières nouvelles et une idée qui s’essouffle au bout de 6 à 7 pages. Il ne suffit pas d’avoir une idée, il faut maîtriser sa langue et redoubler d’efforts. Tous les jours, à 17h, c’est à la bibliothèque qu’il finit sa journée et nourrit son style et son imaginaire.
C’est entre les lignes de Taha Hussein que M. Jouiti découvre l’Égypte, si bien que lorsqu’il y est invité, les rues lui sont familières. La lecture est un outil indispensable pour se comprendre soi-même et comprendre le monde.
La littérature le sauve du tournant religieux que prend le contenu des enseignements au lycée, car elle lui enseigne que la vie est bien plus complexe que la simplification que la religion veut lui donner. Le roman triomphe toujours.
À force de travail, d’acharnement, et de ténacité. Il écrit, essaye, recommence. Des nouvelles, des romans, mais c’est “Al Maghariba” qui rencontre un franc succès auprès du public.
“Le clou qui dépasse appelle le marteau”. Ce proverbe japonais résume les critiques et attaques qu’il a reçues, en parallèle des louanges, des félicitations et des sollicitations culturelles.
Son livre dérange, car il touche quelque chose. Une fois exposé, il comprend que son talent devient une responsabilité.
Bien que son roman soit dur avec les marocains et pousse au pessimisme, c’est parce qu’il l’aime qu’il le met face au dur miroir de la vérité. La peur omniprésente dans notre éducation et notre histoire. La peur de manquer, la peur de la société.
Nos incohérences, notre attachement maladif au passé. On préserve des choses et des idées mortes. Laisser l’histoire à sa place, vivre le présent et l’avenir.
Ce n’est pas suffisant de pouvoir écrire, il y dédie toute sa vie.
“Tawrat Al Ayyam Al Arbaâ”, est le livre le plus traduit et le plus acheté de l’année.
Si c’était à refaire, il aurait aimé que quelqu’un lui fasse gagner du temps et lui raccourcisse certaines étapes. Alors, quels sont ses conseils pour la jeunesse ? D’abord, décider pour soi. Décider de ce que je consomme et de qui je m’entoure. Avoir confiance en soi et apprivoiser sa peur. Lire, beaucoup, et s’inspirer des plus grands. Enfin, travailler, être patient et persévérant. Prendre ses responsabilités.
“Le meilleur matériau, c’est nous-même et notre vie.” Il encourage les participants à croire en eux, se réconcilier avec l’échec, car si le succès crée l’orgueil, ce sont nos doutes, notre colère et notre frustration qui nous construisent et nous poussent à aller vers l’avant.
Les centres ACT School auront l’occasion de recroiser M. Jouiti pour d’autres rencontres à El Jadida et Youssoufia, et également lors de la sortie en arabe de l’ouvrage ‘Héritages’, dont il a assuré la traduction en arabe.
Un moment délicieux qui a réuni un auteur qui a fait preuve de beaucoup de sincérité et de modestie, et des participants transportés par cet écrivain passionné et passionnant.
