À DAR MOMKIN, Youssef partage son expérience dans le programme de journalisme SIT Study Abroad

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Youssef (23 ans) lauréat de la promotion 2020 de notre programme MOMKIN, a pris l’initiative de partager avec les jeunes de DAR MOMKIN son expérience dans le programme de journalisme SIT Study Abroad dont il a fait partie l’année dernière.

Youssef a travaillé pendant un mois avec sa binôme américaine Ella sur la rédaction d’un article sur l’éducation sexuelle au Maroc. Cette expérience a donné naissance à un article publié sur le site web Reporting Morocco.

Durant la séance de jeudi, Youssef a parlé des leçons qu’il a pu tirer de cette expérience surtout en termes de méthodologie et organisation du travail ainsi qu’au niveau de la communication en anglais.

La présentation de Youssef a été suivie d’un débat sur le contenu de son article et l’importance de l’éducation sexuelle au Maroc.

Voici ce qu’a écrit Hanane Oukadour, 22 ans, participante DAR MOMKIN sur le sujet :

“Le sujet de la sexualité est, purement, considéré comme tabou par la société, la religion, c’est interdit d’en parler. Mais cela n’a pas été le cas à Dar Momkin. Aujourd’hui, le 14 janvier 2021, nous avons eu une séance de culture générale animée par notre camarade de centre Youssef Sikou, en discutant un article qu’il a écrit en collaboration avec une étudiante américaine dans le cadre du programme SIT.

Cet article parle des jeunes et de leur situation sexuelle. Il parle d’une association qui n’a pas attendu l’État pour faire naître le changement et a essayé de trouver des solutions, par une application numérique, pour généraliser l’éducation sexuelle. Il s’agit de l’OPALS, association panafricaine de lutte contre le VIH-sida.

Quand on lit cet article, on visionne le Maroc réel où la sexualité est absente, où il y a des lois qui interdisent les relations sexuelles hors mariage, l’homosexualité, mais sont rarement appliquées sauf en politique pour limiter la critique envers l’État. Le Maroc où cette éducation n’est pas encore, en 2021, intégrée dans le système pédagogique éducatif et dont on ne peut pas discuter avec n’importe qui et à n’importe quel endroit.

Donc comment ces jeunes ou plutôt nous les jeunes avons découvert le sexe ? La réponse : par internet, par la pornographie. Mais cette dernière n’est pas une solution car ce n’est pas réel. Ces gens qui filment ce genre de films ne sont pas comme on les voit, il y a plusieurs choses derrière, par exemple : pour filmer une vidéo ça prend plus d’une semaine de pratique, pour que la vidéo soit parfaite. Ils prennent des médicaments pour que la vidéo soit longue et pour trouver de parfaites positions. Donc c’est irréalisable de faire de même dans notre vie.

A l’école on nous enseigne la reproduction humaine, dans laquelle rentre le plaisir sexuel de l’homme et cela, par la suite, néglige en partie la vie sexuelle de la femme. Inégalité aussi sur ce sujet, et la femme ne peut pas en discuter. Mais pourquoi ?
Cela me rappelle un passage que j’ai lu d’un livre. “Sur ma mère” de Tahar Ben Jelloun : sa mère avait épousé, vers ses quinze ans, un homme âgé qu’elle n’a jamais vu et qui voulait juste avoir un enfant pour lui léguer sa fortune. Dans leurs rapports sexuels cet homme psalmodie toujours des prières comme, que “Dieu me donne un garçon” !! J’ai ri mais ce n’est pas du tout drôle car ce n’est pas le temps de la prière. Et si elle a ses règles elle s’entoure d’un châle rouge pour signifier qu’elle n’est pas disponible pour ces jours. Cet acte prouve l’absence de communication entre les deux mariés.

On peut même discuter l’approche de la virginité, je me pose toujours la question : pourquoi la valeur de la femme s’est réduite jusqu’à se demander si elle possède encore son hymen ou pas ?
Quel est cette loi qui légitime l’homme dans sa possibilité d’exercer sa vie intime et sexuelle en sérénité alors que la femme est toujours jugée, suivée et surveillée par ses parents, par ses frères et par la société entière ?

Je suis pour les libertés individuelles, il n’est plus temps de réfléchir à cela. On doit arrêter ceux qui nous paniquent avec la religion, notre corps nous appartient, personne d’autre ne le possède !! Je n’ai pas de problème si deux amoureux ont eu ou veulent avoir des rapports sexuels tant qu’ils sont d’accord.

À mon tour j’ai interrogé trois personnes, que je connais bien, (deux jeunes garçons et une jeune fille) sur ce sujet, comment ont-ils découvert le plaisir sexuel ? C’est quoi la sexualité selon eux ? Est ce qu’ils ont eu au moins un rapport sexuel hors mariage ?
Les deux garçons m’ont répondu sincèrement alors que la fille est restée conservatrice.
Les deux ont découvert le sexe par internet et par les films. La sexualité selon eux est une chose interdite, un crime, une chose qu’on n’apprend pas à l’école, mais ça n’empêche pas de le découvrir autrement. Ainsi, tous les deux ont eu des relations sexuelles. Mais, comme mentionné dans l’article, la question qui rôde à l’esprit est : est-ce que j’irai en enfer par le fait d’avoir des relations sexuelles interdites à l’unanimité par tout le monde ?”

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