MOMKIN – France Culture – Les Pieds Sur Terre : Secrets de famille

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Cette semaine, nos jeunes du programme MOMKIN ont été invités à écouter l’épisode Secrets de famille de l’émission “Les Pieds sur Terre” diffusée sur France Culture.

Voici le texte de Youssef en français :

“Trois secrets de famille, qui impliquent un père, un oncle, un mari, racontés par trois femmes qui les ont découverts.

L’animatrice a commencé l’épisode par citer un film qui traite la situation d’une famille où le père violait ses deux enfants pendant leur enfance, jusqu’au jour où le fils dévoile ce secret pendant une réunion de famille.

La première femme raconte l’histoire de son père qui était homosexuel, et comment le fait d’être au courant et de ne pas pouvoir en parler a produit chez elle un blocage au niveau des compétences cognitives, chose qui l’a empêchée de ne réussir son baccalauréat qu’après un traitement psychologique et le fait de dévoiler le secret. Un secret qui a été la cause de la mort de son père par le VIH.

La deuxième décrit ses visites à son oncle enfermé dans un asile puis le fait qu’elle ait découvert que son oncle avait tué l’amant de sa femme et toute sa famille. En parlant aux gens de son secret, il est devenu plus supportable pour elle.

La troisième femme, immigrante salvadorienne en France, raconte comment son amant déjà marié l’avait abandonnée après qu’elle est tombée enceinte. Elle disait qu’elle se sentait seule et emplie de haine parce qu’elle avait dû mal à en parler.

Ces témoignages me firent penser à ma propre situation familiale. Je souffrais d’une dévalorisation que j’ai subie de la part de mon père durant les premières vingtaines années de ma vie. Ceci m’a bloqué pendant la période du printemps des deux premières années du lycée ainsi que toute l’année du baccalauréat. Je commençais bien l’année, mais je me retrouvais très vite sans volonté. L’arrêt de mes études universitaires est dû à ce problème.

A l’âge de quinze ans, je commençais à perdre mes cheveux. Je croyais qu’il s’agissait de dermatophytes, mais l’examen médical a prouvé que c’était un blocage des vaisseaux sanguins liés aux racines des cheveux. Le docteur me demanda si j’avais des problèmes avec ma famille. Je lui ai raconté mon histoire et il m’a conseillé de consulter un psychologue. Je n’est pas suivi ce conseil parce que je n’étais assez conscient du danger des problèmes que cela pouvait engendrer à ma santé mentale. Je cachais la cause de cette maladie à mes parents, et je commençais à mettre de la distance entre mon père et moi. 

Je ne pouvais plus supporter la façon dont mon père me traitait, ce qui me dirigeait directement vers la drogue, le seul outil disponible pour m’évader. Je croyais que c’était une solution efficace, mais ces deux dernières années m’ont prouvé le contraire. Je me suis rendu compte que les confrontations avec mon père étaient plus fréquentes ce qui a aggravé la situation jusqu’à ce que cela ait fini par presque détruire totalement ma relation avec mon père. 

Après avoir travaillé pendant 6 ans avec mon père, j’ai tout au long essayé de réduire la tension dans ma relation avec lui. Mon stress diminuait, et je commençais une période d’auto-thérapie afin de dépasser mon addiction à la drogue. J’ai réussi à atteindre cet objectif, mais ce n’était que le début d’une autre auto-thérapie pour me débarrasser du complexe d’infériorité que j’ai développé à cause de mon père. Je me trouvais sans armes devant ce complexe qui ne cessait de me déstabiliser mentalement. 

Dernièrement, j’ai passé une année et demi dans l’enfer, durant laquelle j’ai essayé de suivre le fil de ce complexe qui me conduisait jusqu’aux premières années de mon enfance où commença cette relation. En essayant d’exprimer ma haine envers le père, dans ma solitude, le passé commença à s’arranger, à devenir plus clair, et mon courage à dévoiler la vérité et à affronter le père s’agrandit mois après mois.    

Après la destruction totale de cette relation (la mort symbolique du père), je pourrai enfin exprimer mon refus à la soumission, dévoiler la cause de ma souffrance durant les huits dernières années, et annoncer la priorité absolue de ma dignité en tant qu’être humain.

je croyais que mon passé n’est qu’une notion de temps, qu’il suffit de s’éloigner d’une date ou une autre pour régler les choses. Mais cette expérience me prouvait une autre vérité : le passé obscure et désordonné ne se trouve que sur les épaules de son porteur, et ce porteur n’a pas de choix autre que d’affronter ce passé, le comprendre et le régler. Mais comment peut-on régler un passé fini ? Nous pouvons nous réconcilier avec notre passé en prenant des décisions courageuses et responsables dans le présent et dans le futur.”

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