RÉFLEXION – Mohamed Choukri, l’homme du Pain nu (1935-2003)​ (Texte de Younes)

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Découvrez le texte de Younes Akherzi, 26 ans :

L’homme du Pain nu (1935-2003) : un podcast diffusé sur France Culture dans l’émission Toute une vie. Ce titre est inspiré du livre de l’écrivain marocain Mohamed Choukri. Un homme qui a tracé son chemin et qui a laissé sa touche unique à travers l’écriture et la littérature.

Le livre le plus connu de l’écrivain Mohamed Choukri est son autobiographie publiée la première fois en 1972 : Le Pain nu. Ce dernier a été écrit en arabe, puis traduit en anglais par Paul Bowles, et en français par Tahar Ben Jelloun.

J’ai souvent entendu parler de ce livre, mais je ne l’ai lu qu’en 2018. Il m’a ébahi, parce que je n’ai jamais lu un roman pareil écrit par un écrivain marocain, et qui parle d’une réalité dure et morne qui existe au Maroc, mais qu’on cache souvent !

À partir de cette lecture, j’avais une envie intense de découvrir le monde de Mohamed Choukri, un monde de rue, de vagabondage, de prostitution, des drogues, des bars, d’alcool, de pauvreté et d’injustice. Et cela m’a poussé à lire la suite de ses ouvrages, notamment : Le Temps des erreurs, السوق الداخلي, وجوه …
J’adore la manière dont il écrit et décrit les événements. La lecture de quelques passages du livre Le Pain nu, me transportait dans des lieux que je n’aurais peut-être pas la possibilité de visiter, et d’écouter des conversations que je n’aurais peut-être jamais l’occasion d’entendre. Je ne sais pas pourquoi, mais le monde de la rue dans toutes ses dimensions me fascine, rien que d’observer et d’analyser la vie quotidienne des différents gens, surtout ceux qui ont vécu de multiples expériences tragiques.

Cela me permet d’ouvrir mes yeux sur différentes réalités, et notamment dans le contexte marocain, et de comprendre davantage la causalité des événements. Dans le podcast et dans le livre aussi, il y a une scène qui m’a marqué : quand Mohamed Choukri était dans un café à l’ancienne médina, alors qu’il était à cette époque un jeune vagabond et analphabète, est dans le brouhaha du café, il y avait des gens qui fumaient du kif et parlaient de la politique. La curiosité de Choukri l’a animée a participé à la discussion ; et par conséquent, il a reçu une attaque de l’une des personnes assise sur la table en disant : tu ne sais même pas écrire ton nom et prénom, et tu veux parler de la politique ? Alors pour Choukri c’était un choc ! Une humiliation ! Et cette humiliation justement qui a fait que l’écrivain décida d’apprendre à lire et à écrire.

Lorsqu’il a commencé son apprentissage, il n’avait pas en tête, et peut-être même pas l’ambition ni la volonté d’être écrivain. Mais pourtant, il a trouvé en lui une force énorme d’apprendre à lire et à écrire, ne serait-ce que pour ne plus subir d’humiliation. Être cultivé pour être digne ! Ainsi était la force motrice du développement intellectuel de Mohamed Choukri. Des gens de cette nature sont rares. Car, comment trouver la force quand on est complètement détruit par un vécu troublant ? Je pense que le fait de vivre diverses expériences troublantes permet de forger des personnes intelligentes et précocement mûres, douées pour transformer leurs douleurs en travail artistique, à travers des histoires, des couleurs et des sons. Et parce que leur art est sincère et profond, il arrive à toucher les cœurs des autres.

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