On a quelle langue?

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Depuis le 16 mars, le programme NAJTAZ mobilise une communauté de 150 jeunes autour d’activités de lecture, d’écriture, de débat, de créativité et de culture générale. 

Parmi ces jeunes, certains sont capables de s’exprimer en anglais, avec un champ lexical généralement appris en regardant des films et séries. D’autres parviennent à s’exprimer plus ou moins bien en français. Peu d’entres eux pourraient s’exprimer couramment en arabe classique, et tous parlent évidemment en darija. 

A chaque fois qu’une activité commence, la même question inévitable se pose, parfois ouvertement, parfois silencieusement dans l’esprit de tous les participants : Dans quelle langue allons-nous travailler ? Dans quelle langue dois-je m’exprimer ?

Nous avons donc sondé les participants de NAJTAZ pour comprendre dans quelle langue ils se sentent le plus à l’aise pour suivre et participer aux activités de notre programme. 112 d’entre eux ont répondu à un questionnaire en ligne à ce sujet.

A la question “Dans quelle langue te sens-tu le plus à l’aise pour suivre les activités ?”, le français l’emporte à 72 %. 

Dans le même temps, le français est la langue qu’ils préfèrent pour les exercices d’écriture, pour 55% des répondants. Idem pour les activités de lecture, avec 53% préférence pour le français. L’arabe est préféré pour l’écriture et la lecture par ¼ à ⅓ des participants. L’anglais est préféré quant à lui par 10% à 15% des gens. 

Une dernière question portait sur les activités de débat en ligne, organisées en direct via Skype ou autres plateformes équivalentes. Les réponses ont donné la darija comme langue de prédilection pour communiquer à l’oral, avec 55% de préférence. 

Les réponses de nos participants au sujet de la langue sont révélatrices de plusieures réalités.

Sans aucun doute, la réalité de la situation linguistique actuelle de notre jeunesse marocaine apparaît clairement à travers la dernière question. Pour des activités de débat à l’oral, via visio-conférence, la darija s’impose. C’est notre principal dénominateur linguistique commun. Notre vecteur linguistique le plus inclusif et le meilleur pour nos jeunes de se comprendre collectivement. 

Les premières questions révèlent un engouement apparent des participants pour le français. Cela ne signifie pas pour autant qu’ils soient tous à l’aise dans cette langue. Nous le savons, beaucoup d’entre eux ont encore des progrès à faire pour bien s’exprimer en français à l’écrit ou à l’oral. Leurs réponses montrent plutôt qu’ils ont fortement envie d’améliorer leur niveau dans la langue de Molière. 

Une question se pose ici : L’arabe classique est notre langue officielle. Le savoir universel est très largement accessible en anglais, et cette langue est facile à apprendre sur internet. Alors, pourquoi préfèrent-ils lire et écrire en français et pas en anglais ou en arabe classique? 

Pourquoi la langue maternelle et la langue officielle ne suffisent-elles pas ? La lingua franca internationale n’est-elle pas non plus un outils suffisant pour évoluer librement dans notre pays ? 

Peut-être nos jeunes participants auraient-ils compris qu’au Maroc une bonne maîtrise du français pourrait les aider à lever plus aisément certaines entraves sur leur chemin ? Le français serait-il perçu par ces jeunes comme un outil indispensable pour lutter contre les inégalités éducatives dont ils ont souffert au cours de leur parcours ?

 

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