Connect Institute de retour à Tata – Yasmine de Tata

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Il est onze heures du matin. La petit fille ne doit pas avoir plus de six ans. Elle marche seule d’un pas lent vers sa destination. Nous lui faisons signe. Elle hésite. Une deuxième fois. Et elle vient vers nous. Ses yeux pétillent. Elle est mignonne. Bien habillée. Elle répond à notre question sur son prénom : « Yasmine. » Non sans nous faire répéter la question. Elle nous apprend qu’elle va à la garderie, après nous avoir fait répéter la question par un A méfiant. Nous lui posons la question : « tu aimes ta maîtresse ? » Après le A ? habituel, sa réponse jaillit sans hésitation : « Non ! » Sa réponse tombe dans nos oreilles en même temps que les sons émis par les voix groupées de petits enfants dans une espèce de local, qui sert de crèche, attenant à la mosquée de la place, des voix qui répètent après la maîtresse des phrases que nous ne déchiffrons pas.

Yasmine nous quitte et se dirige d’un pas lent vers la crèche qui n’en est pas une, vers la maîtresse qu’elle n’aime pas, pour répéter avec les nombreux autres enfants des phrases qu’elle ne comprend pas. Sait-elle qu’elle en a pour plusieurs années devant elle à fréquenter des lieux supposés l’éduquer mais qui éteindront petit à petit la flamme qu’elle a encore aujourd’hui dans ses beaux petits yeux ?

Yasmine vit à Tata. Le sort lui en veut. Elle n’est pas née dans une des villes où des écoles ,pourraient l’éduquer autrement. Serait-elle née dans une de ces villes, ses parents auraient-ils eu les moyens de lui payer une scolarité décente dans les écoles privées, ou encore mieux, dans les nombreuses missions (oui, missions) étrangères (oui étrangères) qui comblent les besoins des gens aisés.

Comme Yasmine, des millions de petits enfants, emprunteront un chemin tracé par les décideurs et validé par les familles. Ils iront de classe en classe, d’examen en examen, de certificat en diplôme, à la recherche des clés censées ouvrir l’avenir meilleur.

Un scénario qui ne marche pas. Un scénario dont les résultats commencent à faire peur.

Il est midi, nous avons rendez-vous avec le gouverneur de Tata. Nous avons des idées, des actions à lui proposer. Nous avons l’expérience d’une méthodologie pour accompagner les jeunes victimes de ce scénario.

A Tata, et ailleurs, nous écrivons un autre scénario avec les jeunes qui, comme Yasmine aujourd’hui, il y a quinze ou vingt ans, marchaient d’un pas lent vers des lieux qui ne leur ont pas donné les bonnes clés.

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