Le samedi 22 septembre, en présence d’une vingtaine de jeunes, s’est tenue la projection du film Mustang réalisé par Deniz Gamze Ergüven, sorti en 2015.
Le film raconte l’histoire de cinq sœurs orphelines qui sont élevées par leur grand-mère dans un village du nord de la Turquie. Le dernier jour de l’année scolaire, elles rentrent de l’école en jouant avec des garçons et déclenchent un scandale aux conséquences inattendues. Les cinq sœurs, animées par un même désir de liberté, détournent les limites qui leur sont imposées.
Voici ce qu’en a pensé Youness Jord participant au programme MOMKIN 18 :
« Dans la Turquie profonde, précisément, dans une petite ville côtière en bordure des plages de la mer Noire, cinq sœurs respirant la joie de vivre malgré la mort de leurs parents sont élevées dans la tradition par leur oncle et leur grand-mère.
On découvre ainsi par tranches de vie, le quotidien de ces cinq jeunes filles obligées de subir les conséquences de naître dans une famille et surtout, une société prise par l’intégrisme et le fanatisme. Elles vont être séquestrées pour les couper du monde et les préparer à des « mariages arrangés » : la cuisine, la couture sont désormais les seules matières qui leur seront enseignées.
A travers le cas particulier de ces cinq jeunes femmes, il est montré la complexité de la condition féminine en Turquie et ailleurs.
La réalisatrice a écrit et réalisé cet hymne à la liberté en profitant de sa double culture (turque et française) qui lui a permis d’avoir le recul et la connaissance nécessaires sur les traditions de son pays natal. Ce film dénonce donc une réalité incontestable de la Turquie entre modernité et conservatisme patriarcal.
Le Mustang est un cheval d’Amérique du Nord, descendant de chevaux espagnols, vivant à l’état sauvage et capturé pour le rodéo. Un animal qui symbolise parfaitement les cinq héroïnes, leur tempérament indomptable et bouillant.
Il n’est absolument pas question de chevaux dans le film. Le titre fait référence à la liberté et au caractère furieux des mustangs, la chevelure des filles rappelant la crinière des animaux, et celles-ci se déplaçant toujours en groupe, comme un troupeau.
Si le film se déroule dans le cadre domestique et familier d’une maison, le registre dramaturgique est du film de prison.
Les cinq sœurs sont souvent représentées toutes ensemble, surtout au début du film. Souvent aussi elles sont très proches, leurs corps se touchent. On pourrait penser qu’elles sont une seule entité, une seule personne ou comme on le retrouve dans les mots de la réalisatrice « un monstre à cinq têtes ».
Quand elles sont ensemble elles vivent toutes la même situation, subissent les mêmes oppressions et y réagissent de manière commune. Elles s’énervent, elles crient, elles sont tristes, elles essayent de s’évader… Les cinq sœurs, animées par un même désir de liberté, détournent les limites qui leur sont imposées.
Ce qu’elles subissent, en tant que femmes, est une situation collective, à petite échelle (dans un village), comme à grande échelle (dans une société entière).
Le film s’ouvre et se ferme sur deux plans très semblables. On y voit une des filles dans le bras d’un personnage féminin (une enseignante). Sans l’enseignante, Les deux filles n’auraient eu nulle part où fuir et personne pour les aider. L’enseignante peut représenter l’instruction, l’éducation, une voie vers plus de liberté, vers une vie différente pour les femmes en Turquie et du monde entier (L’éducation comme libération).
Le public interactif a bien réagi au film en s’identifiant au contexte social dominé par les traditions. »