S’il vous plaît, de grâce, je vous en supplie: essayons d’être raisonnables. Les temps sont complexes. La vacuité et la paresse des esprits, patiemment travaillées depuis des années est maximale. Essayons d’expliquer simplement les choses. À quoi peut bien servir cette bataille qui consiste en se jeter des sourates et des versets l’un à la figure de l’autre ? Vous qui voulez démontrer que l’islam et les musulmans sont tous gentils comme vous qui voulez prouver le contraire, vous devez savoir que l’islam n’a pas été conçu pour le manichéisme. L’islam est une religion comme tant d’autres qui sont là pour aider l’individu à baliser sa vie, à se fixer des règles, à partager des valeurs.
L’individu, chaque individu, doit disposer de la liberté de vivre AVEC la religion. Mais rien ne l’oblige à ne vivre que POUR la religion, comme cela est malheureusement, insidieusement et ouvertement distillé dans les esprits, avec des résultats déprimants tels qu’ils se cristallisent dans nos rues, sur les réseaux sociaux et dans l’invasion des livres aux couvertures dorées dans le peu de librairies qui existent encore.
Vous qui faites appel, à chaque occasion, au passé glorieux de la civilisation musulmane, vous savez très bien que cette période, résultante de différents génies, n’est qu’une étape parmi tant d’autres, une brique parmi tant d’autres, qui se tiennent les unes avec les autres, pour conduire aux avancées de l’humanité tout entière.
Vous qui ne ratez pas la moindre occasion de détourner l’attention, consciemment ou non, des problèmes et responsabilités internes, pour accuser le méchant Occident de tous nos malheurs, vous savez fort bien que ce sont les avancées et les acquis des sociétés occidentales en matière de liberté, de créativité et d’humanisme qui les rendent attractives aux yeux des réfugiés syriens comme dans les têtes de tous les jeunes de nos régions souffrant l’injustice et la soumission.
Concentrer les discussions sur des exégèses sans fin de la religion, sur la glorification d’un passé révolu et sur l’ennemi Occidental ne font que conforter le défaitisme ambiant et ajouter de l’eau au moulin des fanatiques et de leurs manipulateurs.
Tout le monde le sait mais personne ne veut le dire : ce n’est que lorsque la religion retrouve sa mission spirituelle, s’inscrit dans la sphère privée, que les sociétés occidentales, orientales, méridionales ou septentrionales s’émancipent et continuent le chemin dans le bon sens, celui des progrès universels profitables à tous les humains.
L’alternative à nos malheurs, puisqu’il faut bien appeler les choses par leur nom, ne réside pas dans le retour à l’islam gentil, modéré ou moderne. L’alternative à cette situation qui ne produit que désespoir, hypocrisie et ambivalence rėside dans la réponse à cette question : comment faire pour que dans nos sociétés, comme cela est le cas sur d’autres continents, soient construites les bases de la dignité, de la créativité, de la liberté et de la responsabilité ?