Présentation du livre “Héritages” de Taha Balafrej, à l’ESJC à Casablanca

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Le mercredi 15 décembre 2021, Taha Balafrej a présenté son livre Héritages à l’Ecole Supérieure de Journalisme et de Communication à Casablanca. Un public composé d’une vingtaine d’étudiants de cette école, leurs encadrants, dont Mme Nadia Salah, et des journalistes du groupe Eco Médias.

« On ne construit pas un pays sur l’oubli. Les sociétés se détruisent par l’oubli. », a dit M. Balafrej en interpellant les journalistes et apprentis journalistes quant au triste constat de l’état dans lequel se trouve la jeunesse marocaine, d’un point de vue culturel et intellectuel. Les résultats du récent rapport PNEA, et surtout l’absence de réaction face à ces résultats dramatiques, ne laissent en réalité que très peu de place à l’optimisme.

La jeunesse marocaine a, comme tous les jeunes du monde, souffert des impacts de la crise mondiale que nous vivons, mais elle pâtit en plus d’un déficit de culture et d’éducation. L’immédiat, le court terme, l’artificiel et le superficiel priment sur la profondeur, l’acquisition de la connaissance, la construction pas à pas.

Une journaliste dans l’assemblée a rappelé les résultats d’une récente étude qui statue que 63% des jeunes considèrent que leur avenir n’est pas au Maroc. Et quand l’auteur demande à l’audience « qui souhaite absolument quitter le Maroc ? », cette même journaliste et sept jeunes étudiants avouent vouloir partir. L’un d’eux, en deuxième année à l’ESJC, ajoute qu’il souhaiterait partir dans n’importe quel pays qui ne soit pas un pays arabe et que son départ serait a priori définitif. Triste constat.

Fidèle à l’esprit qui anime l’écosystème Connect Institute, M. Balafrej a insisté sur l’importance de se mettre en mouvement pour trouver des solutions plutôt que de se concentrer sur les problèmes. Après avoir développé à Connect Institute, au fil des années et au contact des jeunes, une méthodologie mettant l’accès à la culture au service des jeunes marocains, le besoin d’écrire un livre s’est fait ressentir. « Ecrire un livre c’est laisser une trace » selon M. Balafrej.

« Dans votre livre, vous dites que le Maroc a besoin de devenir producteur d’idées et vous citez Abdallah Laroui qui dit qu’il nous faut une révolution culturelle au Maroc pour provoquer un changement de fond. Que nous faut-il d’après vous pour parvenir à avoir cette révolution culturelle ? ». En réponse à cette question, Taha Balafrej a rappelé que d’une génération à l’autre, nous nous sommes tournés tour à tour vers l’occident, vers le nationalisme arabe ou encore vers un moyen orient religieux et conservateur, et nous continuons de chercher de nouveaux horizons à l’étranger desquels nous inspirer ou trouver des modèles culturels à dupliquer chez nous. A aucun moment nous n’avons pris le temps ni réussi à définir ce que nous voulons pour notre pays, ce qu’est un Marocain…

Un autre étudiant a demandé : « La culture peut être un levier de croissance. Dans les années 1970 et 1980 le Maroc a connu une industrie culturelle productrice de musique, de théâtre etc. Pourquoi cette dynamique n’a pas continué ? ». En réponse à cela, M. Balafrej a répondu que le niveau d’alphabétisation à l’époque au Maroc n’a de toute évidence pas aidé à soutenir ce mouvement culturel et permettre une diffusion culturelle massive. Connect Institute, accueille des jeunes de tous niveaux académiques, souvent peu intéressés par la culture, et met l’accent sur les fondamentaux que sont la lecture et l’écriture pour leur donner les outils pour accéder à la culture, d’avoir soif de culture et créer à leur tour.

Taha Balafrej a encouragé les jeunes à se libérer par la recherche d’une connaissance diversifiée, qui les aidera à se construire un chemin. Connaître le patrimoine culturel marocain est essentiel, mais il est aussi nécessaire de s’ouvrir au patrimoine culturel mondial. Le livre est un outil essentiel et indispensable à cet effort d’ouverture.

« Le livre, c’est la meilleure école », rappelle M. Balafrej. Les livres n’appartiennent pas exclusivement à une culture ou un pays. L’histoire des grandes bibliothèques dans le monde, de la circulation des idées à travers les âges et les cultures montre qu’écrire des livres et s’ouvrir aux livres est la voie royale pour s’inscrire dans la dynamique de construction du patrimoine de l’humanité. En substance, l’auteur du livre Héritages a dit aux étudiants de l’ESJC qu’à travers le livre on s’assure de « ne pas s’exclure de l’univers ». Il faut être dans l’univers tout en valorisant ce que nous sommes et une culture marocaine qui trouve sa place dans la modernité.

Citant un passage du livre, l’auteur rappelle que tous les pays arabes réunis traduisent moins que la Grèce annuellement. Ceci est à mettre en parallèle avec l’état de notre classement en matière de développement humain (123ème pays). « Voilà ce que cela coûte de ne pas lire » dit M. Balafrej.

Pour clôturer la rencontre sur une note musicale, Farid Drif (participant à MAHIR Center) a offert au public, guitare à la main et a capella, un aperçu de ses talents de chanteur-compositeur.

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