Fatym Layachi

Interview avec Fatym Layachi – Réalisée par Lamya Bajalat

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Honnêtement je n’ai aucun idée de quels sont les problèmes que les jeunes Marocains rencontrent parce que je ne suis pas sociologue, mais je pense qu’ils sont vastes et nombreux parmi lesquels il y a cette question de ‘’Hogra’’ et d’inégalités sociales qui est de plus en plus dure et pesante. Il y a un problème de libertés individuelles aussi qui est terrible et dont les jeunes souffrent , les jeunes femmes en particulier. Je pense qu’il est de plus en plus dur d’être une femme au Maroc dans l’espace public et ça c’est un problème que toutes les femmes rencontrent quelles que soient leurs conditions sociales, quelles que soient leurs tenues vestimentaires, quels que soient leurs statuts

 

Lamya : Est ce que c’est plus dure d’être une femme artiste?

Je pense qu’être une femme au Maroc c’est compliqué. Et ça ne change pas  qu’on soit artiste, mére au foyer, enseignante, en tenue de sport ou en voile ou en mini jupe. Si il y a une chose que toutes les femmes partagent c’est cette difficulté. Pour les jeunes c’est dur. On a un taux de chômage qui est énorme. On a un taux d’alphabétisation qui est encore très haut. Il y a aussi le nombre de jeunes candidats pour l’émigration clandestine. C’est terrible. On lit des témoignages de familles qui sont dévastées. Qui ont eu un enfant qui est mort en “patera” dans la Méditerranée mais l’autre fils rêve toujours d’émigrer sur une “patera”. Donc il  y a quand même un désespoir qui est fou. Le nombre de nos jeunes qui s’enrôlent dans des idéologies extrémistes, jusqu’à certains commettre le pire. Le nombre de jeunes marocains qui sont partis rejoindre les rangs de DAESH est énorme. Le nombre de jeunes marocains extrêmement radicalisés fait peur aussi. Donc je ressens qu’il y a quand même de sérieux problèmes.

Quand on arrive dans un lieu comme Connect Institute, on se dit qu’il y a une manière pour régler ces problèmes. Le champ du possible s’élargit et il y a des solutions qui sont proposées. La culture est définitivement une solution ; la lecture, le théâtre, la musique, l’expression manuelle. Ainsi que le débat et la discussion. Et Connect permet tout ca et je trouve ça incroyable.

J’ai un peu discuté avec les participants ici. Les jeunes qui sont là sont tous différents les uns des autres. Ils ont tous des parcours différents, des croyances différentes, des modes de vies différents. et malgré ça il y a un profond respect, il y a un échange et de la bienveillance et une ouverture. Je crois que c’est ça qui manque cruellement dans notre société. Quand on voit Connect on se dit que c’est possible et ça parait comme une poche d’espoir, que l’avenir peut s’écrire comme ça et qu’il doit s’écrire comme ça. Je pense que Connect est un des endroits où on retrouve foi dans l’avenir de ce pays et de cette jeunesse qui subit et qui va mal et que c’est pas de sa faute si elle va mal.

 

Lamya : Que pensez-vous de l’événement AGORA?

Je trouve ça super. Cet espèce de bouillonnement incroyable. Il se passe plein de choses, la musique, les projections de documentaire, du reportage, du cinéma du théâtre de musique. C’est foisonnant et de voir que ces jeunes ont tout fait eux mêmes ! Les facilitateurs les ont juste accompagnés. Moi j’ai accompagné quelques uns dans une pièce de théâtre. Tout vient d’eux, moi j’ai juste procédé à quelques réglages et j’étais très admirative de leurs imaginaires. Il ont écrit, ils ont fait la distribution, ils ont appris leurs textes, ils ont pensé aux décors et costumes. C’est super.

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