L’art rupestre est l’expression artistique la plus ancienne de l’humanité. Des millions de peintures et de gravures créées sur les roches et les parois des cavernes ont résisté pendant plus de 40 millénaires malgré leur soumission aux agressions de l’homme et de la nature.
Cet art existe toujours dans la quasi totalité des régions du monde, des milliers de sites qui témoignent de la présence de la race humaine et conservent la mémoire des événements qui ont marqué son évolution.
Ces manifestations artistiques étaient un moyen fondamental de communication et d’action. En effet, à travers ces images, l’humain a pu raconter des histoires, passer des messages, décrire son environnement et sa vie quotidienne, marquer ses territoires et signaler des dangers, participant ainsi au développement et au maintien de l’équilibre de ce monde.
L’un des thèmes les plus privilégiés de cet art est la main. Qu’elles soient positives ou négatives, les mains ont été massivement utilisées dans les peintures rupestres. En regardant celles recouvrant les parois de La Cueva de Las Manos en Patagonie, on ne peut s’empêcher de s’émerveiller et de plonger dans nos souvenirs d’enfance, où l’on imprimait de manière spontanée nos mains sur des feuilles blanches ou sur le sable mouillé !
Les interprétations de ces traces sont nombreuses, aucune n’a été confirmée. Une chose est certaine, ces images ne se limitent pas à être des manifestations instinctives et primitives, elles incarnent plutôt des oeuvres porteuses de significations, qui témoignent de l’ingéniosité, de la créativité de ces peuples et d’une prise de conscience de leur existence.
Aujourd’hui, à 10 594 Km de la Patagonie, précisément à Douar Agadir Lehna de la région de Tata, des jeunes ont reproduit ces traces manuelles sur une roche, laissant ainsi une preuve qu’ils sont passés par là, qu’ils ont mené des actions, qu’ils ont créé un impact et que la race humaine a survécu et continue à survivre grâce à ces mains qui réconfortent, soignent, sculptent, dessinent et écrivent !
L’histoire de l’humanité se divise en deux immenses époques : avant et depuis l’écriture. En rendant hommage à ce moyen de communication qui a révolutionné l’histoire de l’humanité, et aux mains qui ont donné naissance à son meilleur fruit : le livre. Ces jeunes ont fabriqué une bibliothèque, dans laquelle 100 livres sont rassemblés. Leur intention est de partager le savoir et faciliter l’accès à la lecture et à la connaissance.
Le livre, écrit par la main, signe de créativité et de création, est issu du palmier. Les deux possèdent une parenté plus étroite que celle que leur confère la matière.
Tout comme les feuilles d’un palmier, les mots d’un livre sont innombrables. Ce dernier lui faut un stipe, une base solide sur laquelle l’édifice de l’imaginaire va pouvoir s’appuyer et l’histoire va se construire. Comme le palmier, le livre a besoin de rameaux pour produire une infrutescence : de belles leçons de vie.
Tous deux, le livre et le palmier, sont porteurs d’histoires, de savoir et de sagesses. En bibliothèque ou en oasis, dès que l’on plonge dedans, des voix se font entendre, des âmes se font ressentir, des choses nous regardent et nous parlent !
En faisant référence à cette belle relation, les jeunes ont planté un palmier près de la bibliothèque et des traces manuelles peintes sur les roches, formant ainsi un triptyque fertile, une spirale qui commence avec un point central qu’est la main humaine, et continue à s’élargir de plus en plus pour générer du savoir, donner naissance à des inventions, cultiver la terre et produire des aliments, en même temps qu’elle tourne autour.
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Triptyque fertile : une installation artistique inspirée de “ANRAR” symbole de la fertilité. Encadrée par l’artiste sculpteur Khalid ASSALLAMI, réalisée par les participants des quatre centres de Connect Institute (Connect Institute, DAR MOMKIN, ACT School Youssoufia et MAHIR Center) en collaboration avec les jeunes de Tata (Douar Agadir Lehna).