Le Triptyque Fertile est une installation artistique, réalisée par les participants des quatre centres de Connect Institute (Connect Institute, DAR MOMKIN, ACT School Youssoufia et
MAHIR Center) en collaboration avec les jeunes de Tata (Douar Agadir Lehna) et qui ont été
tous encadrés par l’artiste sculpteur Khalid ASSALLAMI.
Ce Triptyque est un triangle composé de plusieurs pierres, inspiré de « ANRAR » symbole
de la fertilité, sur lequel sont installés :
- Un Palmier-dattier qui représente l’oasis et la culture de la terre, l’eau et le système
d’irrigation, l’ingéniosité, la grandeur et la générosité des Tataouis. Cette plante qui a
accompagné l’être humain dans son évolution, qui a nourri ses progrès et son
imaginaire, pour s’installer et bâtir des civilisations. L’enracinement des tataouis est
leur attachement pour leur terre malgré la diaspora, tel Hammou Ounamir, le héro
qui a quitté son village pour vivre au septième ciel et qui n’a pas pu oublier sa mère,
elle qui symbolise sa terre natale. Ce mythe transmis oralement de génération en
génération, connu dans beaucoup de régions au Maroc et que les habitants du Douar
Imghi nous ont affirmé que Ounamir était l’un des habitants de leur Douar. Nous
avons eu la chance de visiter Tanamirt, une source d’eau au Douar Agoujgal où
Ounamir a tombé du septième ciel d’après les habitants du Douar. Par contre l’endroit
était plein de déchets. Personnellement je ne m’attendais pas à une telle insouciance et
négligence de la part des habitants du Douar et des responsables.
- Une Bibliothèque que nous avons réalisée, avec une capacité de 160 livres. Les
participants des quatre centres ont apporté avec eux chacun un livre à lire tout au long
des cinq jours passés à Tata. Avant de partir, chacun a laissé son livre pour aider à
remplir la bibliothèque et pour donner aux habitants du Douar Agadir Lehna, surtout
aux jeunes et aux enfants le goût de la lecture et pourquoi pas l’écriture. Cette forme
d’expression qui a permis à l’être humain de préserver les histoires et surtout son
histoire.
- Une gravure et des dessins rupestres sur trois blocs de pierres posés verticalement,
sur lesquels des mains sont peintes en faisant aussi participer les enfants et les femmes
du village et en utilisant des pigments naturels pour évoquer les peintures rupestres
découvertes dans la grotte « la Cueva de las Manos » Patagonie (10594 km de Tata).
Et qui remontent à plus de 13000 ans. Puis une gravure d’un bovidé gravé en style
Tazina, qui évoque les 42 gravures rupestres que nous avons contemplé sur le site
« Oum El Alek » Akka (64 km de Tata) et que la plupart ont été gravées il y a plus de
8000 ans. Je vois Oum El Alek comme un musée en plein air, un patrimoine matériel
qu’il faut protéger et valoriser.
- Un poteau signalétique réalisé au centre du triangle sur lequel sont affichées les
directions et les distances des centres auxquels appartiennent les participants qui ont
réalisé cette œuvre. Puis les directions et les distances de Akka et de La Cueva de Las
Manos en Patagonie. Ce poteau est une preuve que l’être humain, depuis toujours et
malgré les distances a le souci de laisser des traces et des messages aux générations
futures, à travers l’art et la culture, la culture de la terre (palmier-dattier) et la culture
des esprits (bibliothèque, gravures et dessins rupestres). À travers l’art, l’habileté et la
créativité de ses mains, en construisant un abri, en inventant des outils, en créant des
sons… l’être humain a pu s’échapper de l’extermination pour s’épanouir et s’élancer
dans la découverte du monde qui l’entoure. Les traces et les vestiges qu’on trouve sur
la région de Tata témoignent que cette région a toujours été un carrefour, un lieu de
rencontres et d’échanges, un espace qui a joué un rôle important dans l’histoire du
Maroc et de l’humanité… Notre objectif est de raviver ces connexions pour rendre à
cette région sa juste valeur.
Petite main ou Khmissa (en amazigh Tafust, en arabe Khamsa et en hébreu aussi Khamsa)
dans la culture nord-africaine est un symbole souvent lié à la déesse Tanit, déesse de la
fertilité, protectrice des fœtus, des nouveaux nées, des petits enfants et porteuse de vie en son
ventre. Ces mains réalisées sont un hommage et un remerciement aux femmes du village
Agadir Lehnaa qui nous ont accueillies tout au long de notre séjour, gardiennes de l’identité et
transmettrices de l’attachement aux racines.