Témoignage d’Adéomi Souleymane, étudiante en Master à l’Institut Diderot, à Dijon, France

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Le 11 janvier 2021, MAHIR Center a accueilli deux nouvelles participantes. Il s’agit de deux étudiantes françaises, inscrites en Master à l’Institut Diderot, à Dijon, France. Dans le cadre d’un partenariat entre leur Université et MAHIR Center, elles passeront un semestre d’échange à MAHIR de janvier à juin 2021.

Voici le témoignage d’Adéomi Souleymane, 23 ans – Participante MAHIR :

Concernant cette première semaine, qu’en dire ? En à peine 24h, nous avons tenté d’intégrer un programme riche de 4 mois de travail acharné d’une vingtaine de personnes. Mon esprit est confus, bien qu’émerveillé. Il y a tant de projets en cours, plus merveilleux les uns que les autres, mais surtout, ils nous sont contés par la voix de personnes passionnées par les enjeux qu’ils représentent. Nous débarquons dans une période si intense pour les participant·es, à quelques semaines de NABNI, qui demande une grande préparation, et pourtant, chacun·e a pris le temps de nous expliquer clairement, précisément et de répondre à toutes nos questions. Qu’est ce qui pourrait mieux témoigner que cela cette volonté de transmettre qui est celle du groupe que nous rejoignons à présent ? J’espère pouvoir me montrer à la hauteur de toute cette ébullition créative.

La nuit m’a permis d’assimiler les informations de la journée précédente, je me sens moins stressée que la veille, et j’en ressors plus motivée. Aujourd’hui, nous allons à la rencontre des différentes cellules créatives afin de nous rapprocher de celles qui nous intéressent. Je me suis laissé la possibilité de changer d’avis, mais je me doutais que j’opterais pour le théâtre. Si étudier au Maroc m’est complètement nouveau, autant aller dans la nouveauté jusqu’au bout et m’essayer au théâtre. J’ai toujours été tentée par cette discipline, mais de nature timide, je n’avais jamais sauté le pas. Ici, je suis déjà hors de ma zone de confort, le plus dur est fait. Il ne reste qu’à saisir l’occasion. En parallèle, certains et certaines participantes travaillent à la fabrication des différents supports d’écriture : papyrus, parchemin, et papier. C’est fascinant, je me sens transportée quelques millénaires en arrière, et cela ravive les souvenirs du documentaire L’Odyssée de l’écriture. En effet, la fabrication du parchemin, en plus d’être peu appétissante, est bien plus longue, et demande plus d’intervention humaine, et je comprends qu’il ait été plus coûteux que le papier ou le papyrus.

J’assiste avec plusieurs participants à la sélection des photos pour NABNI, en présence du professeur de photographie que je rencontre pour la première fois. Peu importe le côté de la Méditerranée où nous nous trouvons, créer un corpus photographique est une entreprise difficile, et l’expérience aide, mais ne résout rien : il faut discuter, échanger, essayer et réessayer. Comme nous ne connaissons pas les projets dans leurs spécificités, nous sommes sollicitées plusieurs fois afin d’apporter un nouveau regard sur des éléments prévus pour NABNI, notamment le labyrinthe. Après une réunion avec Amina, je me vois confier la charge du tracé que j’essaye de réaliser en respectant les contraintes. Pour terminer en beauté la présentation du Mahir Center, nous assistons au premier cercle de lecture mis en place par Linaqrae. Il s’articulait autour d’un extrait du livre de Barack Obama, où il revient sur le discours qu’il a prononcé en 2009 au Caire. La lecture et le débat furent tout deux enrichissants, et c’était impressionnant de voir qu’un texte de deux pages pouvait entraîner une discussion d’une heure et demie, heure et demie qui aurait facilement pu évoluer en deux ou trois heures, si nous n’avions pas de contrainte temporelle à respecter.

C’était une discussion riche et contrastée, où chacun exprimait son accord ou son opposition, sans pour autant qu’il y ait de tensions. C’était vraiment superbe, et ça m’a permis de me rendre compte de mes propres limites : j’ai beau dénoncer l’ethnocentrisme, j’ai bien du mal à m’en défaire. Et c’est définitivement quelque chose que je vais pouvoir améliorer ici, comme cela a pu se reproduire lors du débat de vendredi, concernant les violences faites aux enfants, particulièrement au regard de la société et législation marocaine. J’ai cette fois choisi de rester en retrait, ne connaissant que la situation française. Je ne pense pas que ce soit non plus la bonne solution, car tout l’intérêt de faire se rencontrer deux cultures différentes c’est pour qu’elles puissent se nourrir l’une l’autre. C’est une balance très sensible, mais je vais continuer d’essayer pour trouver le bon dosage.

En rejoignant le challenge M4000, j’espère me réconcilier avec l’Histoire, notamment toutes ces périodes courant de l’Antiquité jusqu’à la Renaissance. Ce sont les premières qu’on apprend à l’école, et par conséquent les premières que l’on oublie. Or elles représentent pourtant tant d’avancées formidables et essentielles aux connaissances que nous nous targuons d’avoir. Il me semble aussi indispensable d’apprendre à mieux connaître ce qui nous entoure, et la Méditerranée étant berceau d’un si grand nombre de connaissances, de savoirs, de personnalités incontournables, mais surtout un lieu si riche d’histoires et d’Histoire, elle semble être un très bon point de départ. Pouvoir amener de jeunes personnes à réaliser la richesse de cette mer et toute sa région, qui peut parfois nous paraître insignifiante, est une chance.

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