Certains contenus partagés avec les jeunes dans le cadre de nos programmes, ainsi que nos participants fait objet d’exercices de rédaction.
L’un des contenus choisis pour cette semaine est un extrait d’un livre de Fatima Mernissi.
Extrait du livre “Rêves de femmes : une enfance au harem” de Fatima Mernissi, initialement publié en anglais en 1994 (éditions Perseus Books), puis traduit en français en 1997 (traduction Claudine Richetin, Éditions Le Fennec) et en arabe en 1998.
Texte de Abdelouadoud Benzekhran, 22 ans – Participant à MAHIR Center :
Dans une société patriarcale, pendant le protectorat français au Maroc, une des figures intellectuelles les plus influentes du Maroc est née en 1940 : Fatima Mernissi. Mernissi a grandi dans le harem de sa grand-mère à Fès avec d’autres parents et servantes. Elle a eu la chance de bénéficier de l’une des premières écoles privées mixtes au Maroc. Elle étudiera plus tard les sciences politiques à l’Université de la Sorbonne et obtiendra son doctoraten sociologie à l’Université Brandeis aux Etats Unis. Elle a écrit de nombreux livres dont certains sont considérés comme un défi aux conservatismes religieux et culturels. L’un de ces livres, écrit comme un hybride de mémoire et de fiction est « Rêve de femme : Une enfance au harem ». C’est un rappel de l’enfance de Fatima dans la ville de Fès. Où elle aborde et expose certaines des questions fondamentales au Maroc à cette époque.
Dans ce passage, elle a mentionné comment les Allemands ont réussi à envahir la France et à coloniser Paris ; comment les Allemands ont déclaré la guerre aux juifs, les ont opprimés et les ont obligés à porter l’insigne jaune. Elle a aussi décrit où vivaient les Juifs à Fès, comment ils s’habillaient et ce qu’ils pratiquaient. Cependant, ce n’était pas là les points principaux à souligner, car elle comparait chaque point à quelque chose au Maroc : la colonisation de la France à l’oppression des femmes, l’étoile jaune à l’obligation de porter le voile… J’ai trouvé l’approche assez fascinante, car elle permet au lecteur d’avoir une compréhension d’un sujet sous un angle nouveau en utilisant un contexte différent.
« Personne ne sait vraiment pourquoi les hommes nous forcent à porter le voile.» Lorsque j’ai réfléchi à cette phrase, je me suis dit que le problème n’était pas tant le voile lui-même que l’ignorance de son origine et de la manière dont les musulmans l’ont adopté et pourquoi il est devenu nécessaire. Le voile n’est que l’une des images manifestées des manipulations et de l’ignorance accumulées, et le fonctionnement de ces deux forces ensemble est ce qui crée certains des problèmes majeurs dans notre pays. Le port du hijab n’était pas obligatoire à l’époque du prophète Mahomet, ce n’est que plusieurs années après sa mort que les ecclésiastiques ont imposé leurs interprétations strictes, extrêmes et oppressives des textes et rendu le hijab obligatoire. Enlever simplement le hijab n’est peut-être pas le meilleur moyen de devenir libre, comme certaines femmes pourraient le faire. La liberté vient de la prise de conscience de la façon dont certaines pratiques « religieuses » sont dérivées de l’interprétation et de la manipulation des textes par les « savants ».
Il est vrai que je déteste la façon dont certains manipulent les écritures religieuses mais nous leur offrons le meilleur terrain pour que leur interprétation prenne racine : nous leur offrons l’ignorance.