Journées “Arrivée” à MAHIR (Impressions de Laila)

Total
0
Shares

Cette semaine, les participants à MAHIR Center se sont réunis à Benguerir, sur le campus UM6P, pour les Journées Arrivée. Ils ont rédigé leur ressenti au sujet de leur vécu de cette semaine d’intégration qui marque le début de leur parcours.

Voici le texte de Laila Ait Hamza, 23 ans – Participante à MAHIR Center :

Quand on vit des moments qui nous touchent, qui peuvent nous changer à jamais, ou changer la trajectoire de notre vie, on les reconnaît. J’ai eu beaucoup de ces moments à Mahir Center.

Etant une personne ponctuelle, j’adore jeter un coup d’œil à l’horloge à l’heure du rendez-vous. Mr. Taha apparaissait toujours à l’entrée exactement à l’heure. Il ne se mettait pas directement devant nous, mais à l’arrière de l’amphi, tout au fond. Lorsqu’on discutait tous ensemble, il levait aussi la main pour prendre la parole. Il nous soufflait “Vous êtes capables de faire tout ça et bien plus ! Ayez confiance en vous”. Il nous poussait à exprimer notre désaccord, notre révolte, mais surtout notre sincérité. Ils ne se contentait pas de notre fausse perfection, mais voulait qu’on exprime librement nos imperfections, qui nous sommes réellement. Il criait : « Libérez-vous ! ».

Je souriais à la perspective de me sentir libérée, non que je sois derrière des barreaux. Libérée des années d’éducation où on devait toujours esquisser un OUI à nos enseignants, où on devait faire semblant d’être bon sans pour autant l’être, et où on devait mémoriser des mots sans pour autant comprendre leur sens. Les valeurs de Mahir ne sont pas juste des mots, et c’est pour cela que des jours après, j’y réfléchis encore. Des valeurs me parlent plus, par exemple la communauté, l’exemplarité, ou la gratitude, chacun à un degré différent. D’autres me tourmentent encore car j’ai besoin de temps pour les assimiler profondément, et surtout les convertir en action consistante. Aujourd’hui avec Mahir, « l’excellence » se transforme en une façon d’être où on refuse la médiocrité, après avoir été, selon mes croyances, associée au perfectionnisme, au stress et à la compétition, des notions pas très séduisantes à mon goût. La notion de médiocrité se transforme aussi en une satisfaction par nos efforts minimes après avoir toujours signifié pour moi le normal et le naturel. J’entends par là un désapprentissage de mes croyances et donc un chemin de libération que je choisis de prendre, mais qui reste encore difficile pour moi. 

Une des phrases qui m’a interpellée lors de nos échanges avec Mr. Taha et l’équipe Mahir c’est : « On n’aime pas ce qu’on ne connait pas ». Ça m’a fait beaucoup réfléchir à ce que je connais et ne connais pas de mon pays. Je me sens curieuse de savoir si Laila en juillet 2021 connaîtra assez son pays, l’aimera assez, résistera aux propos et situations négatives de son pays, et pourra décider de se battre pour celui-ci. C’est une perspective qui m’effraie aussi car elle pourra chambouler tous mes plans, mais à laquelle je reste ouverte. Je pense alors aux défis qu’on pourra avoir sur le terrain, si la situation le permet, et je me sens excitée à l’idée d’apprendre à connaître de près le Maroc et ses jeunes, et pouvoir créer des solutions concrètes à ses problèmes, avec Amour. Comme on a beaucoup répété à Mahir, la jeunesse n’est pas un problème mais l’espoir de la nation, et je suis contente à l’idée de faire partie, en tant que jeune, de la solution et pas du problème.

J’avais beaucoup à dire, mais l’impression de ne pas pouvoir l’exprimer avec des mots. Tant     d’émotions, de moments, de visages, de sourires, de partage et d’inspiration me venaient à l’esprit sans pouvoir leur donner un nom, ou les décrire. A mon arrivée à Harhoura, je voulais raconter à tout le monde à quel point j’étais contente d’avoir pris la décision de rejoindre Mahir Center, et à quel point je suis heureuse de découvrir qu’un tel programme existe au Maroc, que de tels jeunes soient motivés à servir notre pays. J’étais aussi inquiète d’en parler. Et s’ils ne partagent pas mon excitation ? Et s’ils pensent que je suis naïve de croire à de belles paroles ? Je me sentis soudainement comme un enfant qui vient de recevoir un jouet, excité, joyeux, mais qui s’en lassera rapidement avec le temps. Des doutes me submergèrent aussi : “Es-tu capable de tenir le coup ?” “Seras-tu vraiment, en fin d’année, plus confiante, créative, capable de créer un changement positif ?”. Je racontai toutefois mon aventure à mon père qui semblait intéressé et fier, il partagea avec moi comme d’habitude son avis et ses expériences sur chacun des points mentionnés et mon petit rapport se transforma en une longue discussion aussi inspirante que les trois journées passées.

Retrouvez toutes les actualités de Connect Institute

Recevez notre news lettre chaque mardi !

RECOMMANDÉS POUR VOUS

ciPOD #001

Pour le 1ère épisode du ciPOD, les jeunes ont parlé de : Musique Classique : Frédéric Chopin “Nocturne Op.9 No.2” ; Événement : Portes Ouvertes ; Intervention : Taha Balafrej…
Lire cet article