La séance de DARDACHA de la quatorzième semaine du programme était basée sur les histoires des jeunes. Des post-it leur ont été distribués afin d’écrire quelque chose en relation avec eux, un fait qui les a marqués, une anecdote, une histoire intime. Les membres du staff d’ACT School Youssoufia se sont aussi prêtés au jeux.
Après dix minutes de réflexion et de rédaction les post-it étaient mélangés et redistribués de façon à ce que chacun lise une histoire qui n’est pas la sienne. Ainsi, les personnes qui ont souhaité garder l’anonymat n’étaient pas gênées.
Souvent, les histoires écrites étaient à propos de la famille, la mort du père, l’échec scolaire et le mariage. Beaucoup de jeunes ont parlé de leurs parents. L’entourage familiale qui impose des contraintes a été cité 11 fois. 3 jeunes femmes ont partagé leurs expériences de mariages non-réussis et ont conseillé les autres d’être plus vigilantes de ne pas faire de sacrifices pour ne pas souffrir autant qu’elles. Ces jeunes portent des blessures depuis plusieurs années et ne sont pas arrivés à les dépasser. Chacun d’entre eux voit que sa situation est pire que les autres.
Plusieurs sont rabaissés par la perception et la mentalité de leur entourage, notamment les jeunes femmes. Elles voulaient réaliser des choses, mais leur entourage a tué dans l’oeuf tous leurs rêves et toutes leurs ambitions. Malgré leur forte volonté, elles souffrent des contraintes qui leur sont imposées.
Voici quelques histoires partagées avec nous :
B. derrière son sourire et sa bonne humeur, rêve toujours que son père avouera qu’il l’a maltraitée qu’il a été injuste envers elle en la mariant à l’âge de 17 ans. Elle a versé tant de larmes suite à son divorce, incident qui ne l’influence plus, mais qui à son époque la blessait énormément. C’est la première femme de sa famille à avoir vécu une histoire pareille. Elle a été blâmée, traitée de tous les noms par ses proches. Dernièrement, elle a décidé de mettre fin à leur influence, de ne plus perdre sa vie à les satisfaire vu qu’elle a déjà sacrifié 10 ans à faire ce qu’ils souhaitaient.
I. trouve qu’elle ressemble à Mehdi Khatib, personnage principal de “Une année chez les Français”. Mehdi est perdu au lycée lyautey, I. trouve qu’elle est perdue dans la vie.
R. considère que pendant ses 27 ans de vie il en a vu de toutes les couleurs. Il a tenté de se suicider 3 fois. Orphelin de père depuis l’âge de 12 ans c’est sa mère qui a travaillé pour subvenir aux besoins de ses 3 enfants. À la mort de son géniteur qui l’a longtemps maltraité, il n’a pas versé la moindre larme. Il était alcoolique “Mon père rentrait toujours à la maison avec des bouteilles d’alcool et ma mère le servait comme s’il était dans un bar.”. Pour fuire la précarité, lui aussi a travaillé depuis le primaire afin de trouver de quoi manger et de quoi s’acheter des fournitures scolaires et des vêtements. Le plus souvent c’était en été. Afin de réduire ses dépenses, il lisait à la lumière de l’éclairage public et écrivait dans les papiers des sachets de ciment. R. a perdu sa mère en 2018, après un combat contre le cancer qui a duré 4 ans. Il est décidé à lui réaliser son rêve de voir son fils instruit.
M. aussi subit l’influence des voisins sur sa mère. Cette dernière lui a fait porter le foulard et des vêtements couverts suivant les recommandations d’une voisine très pieuse qui porte le niqab. Des années sont passées et M. est surprise de voir que les petites filles de cette dame ne se couvrent pas la tête et sont libres de porter ce qu’elles veulent.
